Depuis l'adoption de la loi minière qui a largement ouvert le champs aux exploitants privés, l'Etat a renoncé au monopole sur l'exploitation des mines, et entend jouer dorénavant un rôle de régulation et de contrôle pour mettre aux normes de sécurité les mines et les carrières et sanctionner les contrevenants. Pour arriver à concrétiser cet objectif, le ministère de l'énergie et des mines doit cependant régler le problème de banques de données géologiques, de documentation et d'expertise, qui sont encore inexistantes ou difficiles à mettre en place dans notre pays. Dans l'état actuel des choses, le recours à l'assistance technique étrangère semble nécessaire, voire incontournable, pour arriver à mettre ce secteur aux normes internationales admises en matière d'environnement. Il faut savoir que les nuisances et les dégâts dans le domaine de l'extraction des minerais sont nombreux et peuvent parfois causer des dommages très importants, voire pérennes et irréversibles. Poussières, pollution hydrique , sonore, émanations de gaz, affaissements et effondrements de terrains sont quelques uns des risques pour l'environnement et la santé que ciblent les spécialistes qui recommandent à l'échelle mondiale que des solutions soient pensées pendant l'exploitation mais aussi pour l'après-mine lorsque souvent les dégâts sont irréversibles.Durant l'année 2007, pas moins de 1919 titres miniers ont été enregistrés en Algérie ce qui augmente proportionnellement les risques pour l'environnement. Lors du séminaire sur la protection de l'environnement en liaison avec l'activité minière qui a été organisé les 6 et 7 mars 2007 à Alger, par l'Agence Nationale de la géologie et du contrôle minier (ANGCM), le coût économique de la dégradation de l'environnement a été estimé à 7 % du PIB, soit une valeur de 3,5 milliards de dollars. Référentiels internationaux Une estimation alarmante qui démontre que le développement de certaines activités et leur rentabilité économique va souvent de pair avec une atteinte à l'environnement. Une réalité qui préoccupe et rend nécessaire une prise en charge adéquate et rigoureuse en matière de respect des normes environnementales de l'activité minière. Des mesures d'amélioration de la gestion environnementale sont donc attendues en termes de projets concrets sur le terrain. Car il faut dire que les bonnes résolutions affichées par le gouvernement n'ont pas beaucoup de chances d'aboutir si l'application effective n'est pas rigoureusement suivie. L'expérience étrangère dans ce domaine peut servir d'éclairage intéressant. Ainsi lors du séminaire sus -cité ” la gestion des risques miniers existants et futurs en France ” a été abordée par un représentant de l'institut de l'environnement industriel et des risques (INERIS) qui est un acteur reconnu en France dans l'évaluation et la maîtrise des risques. Cet Institut est déjà connu en Algérie pour avoir conclu en 2006 un important contrat avec Naftogaz, filiale de la Sonatrach., afin de l'assister dans la maîtrise des risques liés à ses activités industrielles. Sessions de formation et forums sur les systèmes de management de la sécurité et de l'environnement, référentiels internationaux dans ces domaines et les démarches de prévention, accompagnées d'audits ou d'expertises sur le terrain ont été programmées sur une période de 2 à 3 ans, pour un montant global de 660 000 euros. Après cette expérience, l'INERIS envisage d'étendre la coopération au secteur des mines pour en évaluer les risques sur l'environnement et apporter son assistance en terme de formation notamment. Dans ce but, la visite de plusieurs sites miniers en Algérie au cours de l'année 2006 et de nombreux contacts avec l'ANGCM, ont été programmés. Durant le séminaire organisé à Alger, la situation des mines et carrières en France a été passée en revue. Il en ressort que l'activité minière affecte encore l'environnement en France pendant et après l'exploitation des sites occasionnant des modifications de l'état des terrains, des affaissements, des effondrements, une pollution des eaux et du sol par des métaux lourds tels les sulfates et les nitrates…etc. . A titre d'éclairage, les mesures juridiques prises en France dont l'extension de la responsabilité de l'exploitant dans le temps et l'espace, et la mise en place d'une surveillance des risques non traitables ont été détaillés. En conclusion le représentant de l'institut français avait estimé que la maîtrise des risques miniers n'est pas antinomique avec la rentabilité des exploitations, et que cette démarche est d'autant plus facile et moins coûteuse quand elle est prise au plus tôt. – Repères – En 2006, le secteur des mines a enregistré une augmentation de la production de fer de 20%, du phosphate (72%) et les gravats (30%). 631 autorisations d'exploration et d'exploitation ont été attribuées aux investisseurs privés ayant généré 3 milliards de dinars en faveur du Trésor public. – L'Agence nationale de la géologie et du contrôle minier (ANGCM) est l'organe chargé de s'assurer du respect de l'art minier par les opérateurs , ainsi que de la préservation de l'environnement et de la réhabilitation des sites après la fin de l'exploitation.Elle exerce la police des mines et émet les documents de perception de la redevance d'extraction des substances minérales.