Hier, les gendarmes ont procédé à une saisie record de cannabis, soit une quantité de 26,3 quintaux. Mais contrairement à l'accoutumée, il ne s'agissait pas de colis rejetés par la mer comme la veille où trois paquets – d'un total de 74 kg – avaient été récupérés. En effet, cette fois-ci, la drogue se trouvait sur un semi-rigide de 12 m de long sur 4 de large, un Go Fast, équipé de quatre moteurs Yamaha d'une puissance de 250 chevaux chacun. A notre arrivée sur les lieux d'échouage à la plage de Sbiat, des gendarmes venaient de découvrir 3 kg supplémentaires. Cependant, la mer en furie avait également vomi un zodiac de plus petite dimension, un 4,5 m sur 1,5 qui transportait trois cadavres de harraga subsahariens ainsi que deux dauphins dont l'un de 200 kg. Ainsi, les gendarmes, qui ont en permanence le regard braqué sur la météo, s'étaient mis la veille en patrouille à travers le littoral à l'annonce d'une mer démontée. C'est de la sorte que depuis quelque temps, le kif rejeté par la mer est récupéré par eux avant le passage de jeunes des villages côtiers qui avaient pris l'habitude de faire la chasse au kif et, en dealers occasionnels, de l'écouler à des prix défiant toute concurrence. A cet égard, on explique que l'état d'alerte n'est pas prêt de se relâcher alors que les livraisons de kif par mer vont se multiplier, sachant que la période de récolte du kif au Maroc approche et que les stocks doivent impérativement être écoulés par les narcotrafiquants. On ne s'explique pas, par contre, les raisons qui ont fait dériver le semi-rigide alors qu'il est à l'état neuf et qu'il dispose d'une puissance de 1000 chevaux qui le met hors d'atteinte de la marine nationale, qui, elle, est équipée de 500 chevaux, à moins qu'elle puisse l'arraisonner. Concernant les harraga, leur mort ne remontait pas à plus de deux jours, selon les agents de la Protection civile que nous avons rencontrés du côté de la plage de Sassel. Ils étaient en train de repêcher le cadavre du deuxième harrag, le troisième étant encore emprisonné sous des rochers. Le zodiac avait été déchiqueté alors que les cadavres avaient été totalement dénudés par la houle et les arêtes des rochers. Le gharbi (vent d'ouest) dominant et la découverte de billets de banque marocains dans les bouts de vêtements découverts laissent penser qu'il s'agit de personnes qui avaient pris le départ à partir des côtes marocaines en direction de l'Espagne.