La défaillance des canaux d'information et de communication et l'indifférence de certains trahit l'état de déliquescence de la corporation des robes noires qu'on ne cherche à réunir que durant les rendez-vous électoraux du bâtonnat. Pourtant, l'événement coïncide cette année avec le 50e anniversaire de l'assassinat, le 23 mars 1957, du militant et brillant avocat du FLN, Ali Boumendjel. Un signe qui reflète le marasme qui perdure dans une profession ayant connu un véritable bradage durant une quinzaine d'années, même si un nombre réduit d'avocats continue de préserver les règles de l'intégrité. Pour les jeunes candidats appelés à porter un jour la toge noire, c'est un monde où il faut s'attendre à toutes les embûches. Le cursus universitaire durant lequel les étudiants cumulent les notions théoriques en quatre ans d'études, pour décrocher une licence en droit, s'avère insuffisant pour des raisons que les connaisseurs attribuent au nombre impressionnant des étudiants. Impossible d'assurer un enseignement de qualité pour quatre sections regroupant parfois plus de mille étudiants chacune. «On a réussi à limiter l'accès aux différentes facultés par des critères de plus en plus rigoureux, mais on n'a jamais pu maîtriser les flots des étudiants parfois orientés contre leur gré vers l'étude du droit», nous diront certains étudiants. Le nombre des diplômés dépassera largement les capacités d'encadrement durant la fameuse année qui sera sanctionnée par le précieux CAPA (certificat d'aptitude professionnelle d'avocat). Un passage obligé pour mieux s'imprégner du métier, maîtriser les procédures et se familiariser avec les notions de déontologie. Le sésame tant espéré par les heureux élus n'est qu'un petit pas dans un milieu inconnu et parfois hostile. Le nombre des titulaires du CAPA a été considéré de tout temps comme un lourd héritage légué par l'université au barreau de Constantine. Ce dernier, pour faire face à cette situation, n'hésitera pas à recourir à des mesures jugées restrictives pour l'ouverture des stages d'avocat. Il s'agit de la fameuse «carte du F4» exigée aux candidats stagiaires. La non-programmation par le bâtonnat de la région de Constantine des sessions de stage depuis trois années, pour des raisons purement électoralistes, a poussé les jeunes diplômés à s'inscrire auprès des barreaux de Batna et de Sétif. Ce qui implique des dépenses dans les déplacements, en sus du montant de 50 000 DA qu'il faut débourser pour les droits d'inscription. La moitié des postulants abandonnera déjà en cours de route, faute de moyens financiers, alors que d'autres choisiront d'autres destinées.