Du blocus, qui est la plus cruelle des mesures, on n'a pas dit un mot », a affirmé Fidel Castro en commentant la décision annoncée par Washington. Le dirigeant cubain Fidel Castro doit se dire que le bon sens a fini, ou finira — car il faut faire preuve de prudence — par l'emporter dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba. Lui qui s'est retiré de la scène politique de son pays, tout en tenant à dire son mot, a vu les présidents américains passer les uns après les autres à la Maison-Blanche en espérant toujours que l'Amérique lèvera enfin l'embargo qu'elle impose à son pays depuis qu'il a pris le pouvoir en 1962. C'est donc le 44e président des Etats qui a décidé de faire un geste près d'un demi-siècle d'embargo qui a peut-être gêné Cuba, mais sans jamais menacer le régime en place. C'est certainement là où le bon sens trouve toute sa place, la conclusion s'impose d'elle-même. Barack Obama a fait un geste concernant la diaspora cubaine, mais pas les relations bilatérales dans leur ensemble. C'est certainement pour cette raison que Fidel Castro a exigé du président américain, Barack Obama, la fin du « blocus » contre l'île et refusé toute « aumône », en réagissant à la levée par les USA des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers leurs pays. « Du blocus qui est la plus cruelle des mesures, on n'a pas dit un mot », a affirmé Castro en commentant lundi la décision annoncée par Washington. Cuba « n'accuse pas Obama des atrocités commises par d'autres gouvernements des Etats-Unis » et ne doute pas de « sa sincérité et de sa volonté de changer la politique et l'image des Etats-Unis », affirme cependant Fidel Castro. « Elle comprend qu'il a livré une bataille très difficile pour être élu, malgré des préjugés de plusieurs siècles », ajoute-t-il, en expliquant que c'est pour cela que son frère, le président Raul Castro, a exprimé sa bonne disposition à dialoguer « sur la base du respect le plus strict de la souveraineté ». Le leader cubain souligne le mouvement à l'intérieur et à l'extérieur des Etats-Unis, en faveur de l'élimination de l'embargo imposé en 1962, et affirme que « les conditions sont créées pour qu'Obama utilise son savoir-faire à conduire une politique constructive qui mette fin à celle qui a échoué depuis presque un demi-siècle ». Castro rappelle les termes du conseiller de l'administration américaine pour l'Amérique latine, Dan Restrepo, qui a affirmé en annonçant la décision que ces mesures constituaient « des pas pour tendre la main au peuple cubain » et en faveur de « la liberté de Cuba ». La levée des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent à Cuba a été annoncée à la veille du Sommet des Amériques qui doit se tenir à Trinidad et Tobago et au cours duquel les présidents d'Amérique latine ont l'intention de demander la levée de l'embargo contre Cuba. Le président Barack Obama a donc pris les devants en ordonnant la levée des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers leur pays d'origine, marquant un premier assouplissement de la politique américaine envers l'île depuis son arrivée au pouvoir. « Le président Obama a ordonné une série de mesures en direction du peuple cubain, afin de soutenir leur souhait de jouir de droits fondamentaux et de déterminer librement l'avenir de leur pays », a dit le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs. M. Obama tenait là une promesse de campagne. Les Américains d'origine cubaine ont pu se rendre librement à Cuba pendant une courte période, lorsque le président Jimmy Carter avait refusé en 1977 de renouveler les restrictions, rétablies ensuite par son successeur Ronald Reagan en 1982. Un scénario qui s'était reproduit avec les présidents Bill Clinton et George W. Bush, qui ont respectivement allégé puis renforcé les sanctions. L'amélioration des relations entre les deux pays dépendra d'ailleurs « des actions du gouvernement cubain » en la matière, a expliqué son porte-parole, ajoutant que M. Obama « voudrait que le peuple cubain ait plus de libertés ». En d'autres termes, Washington attend que les promesses faites par le Raul Castro qui a pris la relève de son frère soient tenues. Il s'agit plus simplement d'ouverture, une expression prise dans son sens le plus large.