Le président cubain, Fidel Castro, est dans un état stable après son opération à l'intestin effectuée durant la semaine. La direction du gouvernement a été confiée « provisoirement » à son frère Raul, ministre de la Défense . « Le dirigeant cubain luttera toujours jusqu'au dernier moment. Mais ce dernier moment est encore très éloigné », a déclaré le président de l'Assemblée nationale cubaine, Ricardo Alarco. L'historique « Lider Maximo » devrait fêter ses 80 ans le 13 août prochain mais possède déjà un record de longévité au pouvoir. Il occupe le poste de premier ministre depuis le 16 février 1959 et celui du président depuis 1976, après avoir renversé du pouvoir le dictateur Batista. Cependant, même si le gouvernement assure que son leader charismatique se porte bien, les experts médicaux soulignent que l'opération de l'intestin devrait écarter Fidel Castro du pouvoir pendant plusieurs mois. Du coup, la question de l'après-Castro se pose avec acuité. La question de sa succession n'est plus un tabou. Les exilés cubains en Floride, à 140 km de l'île, espèrent que leur pays sortira du communisme lorsque Fidel Castro quittera le pouvoir. En juin dernier, son frère Raul avait laissé entendre qu'une direction collégiale pourrait succéder au leadership de son frère. « Seul le Parti communiste peut être le digne héritier de la confiance que les Cubains ont placée dans leur chef », avait-il dit. Castro, qui reste le dernier communiste du monde occidental, a lui-même dit qu'il ne s'accrocherait pas au pouvoir s'il devenait trop malade pour diriger le pays : « J'appellerai le Parti (communiste) et je leur dirai que je ne me sens pas en état », avait-il soutenu. Auteur de Cuba, totalitarisme tropical, l'écrivain cubain Jacobo Machover affirmait hier en entrevue avec Libération que « Raul Castro est une sorte de clone [de Fidel]. C'est une succession dynastique comme il a pu y en avoir en Corée du Nord ». Ennemis jurés de Fidel Castro, les Etats-Unis ont fait savoir hier qu'ils n'envisageaient pas pour l'instant de détente dans les relations entre les deux pays. Castro est un révolutionnaire. Raul Castro, le clone de Fidel Avant son arrivée au pouvoir, Cuba était dirigé par la mafia américaine. Fidel Castro a voulu renverser la vapeur et imposer sa vision des choses, mais les Américains l'ont perçu et le perçoivent encore aujourd'hui comme un ennemi. Son régime « personnel » et « autoritaire » s'est transformé peu à peu en dictature. Les Cubains vivent surtout de l'agriculture, de la culture de la canne à sucre et du tourisme. Mais ils vivent aussi avec un embargo américain sur le dos. Malgré l'hostilité permanente et parfois menaçante des Etats-Unis et le blocus, Castro restera imperturbable. Aucun président américain n'aurait rien pu pour mettre Cuba sous la coupe des Etats-Unis. Retranché dans son île bunker, Fidel Castro, qui a survécu à cinq présidents américains, nargue et défie toujours Washington. Pendant trois décennies, Cuba restera fidèle allié de l'URSS, mais son effondrement n'atteindra pas La Havane : pour survivre à la disparition du « grand frère », en 1991, Castro impose un nouveau type de guerre économique, la « période spéciale en temps de paix ». Fidel Castro a survécu à la disparition du communisme, au prix de dures souffrances pour la population et d'une sévère répression de ses opposants, mais sans renoncer à son credo. Il n'entend faire aucune concession au capitalisme. Aujourd'hui, l'économie cubaine étouffe sous une bureaucratie de plus en plus tatillonne qui gère les pénuries. Sur le plan politique, Cuba de Castro est l'un des pays phares du bloc des Non-alignés. Il a toujours plaidé pour l'indépendance et le recouvrement de la souveraineté des peuples colonisés. Cuba a, d'ailleurs, été l'un des pays à avoir reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le gouvernement sahraoui, soutenu matériellement par Cuba, comptait toujours sur ce pays pour faire changer les positions latino-américaines concernant la question sahraouie. Anti-impérialiste qu'il est, c'est ainsi qu'il se montre contre l'invasion de l'Irak et l'occupation de la Palestine.