Avec des modèles de développement basés sur une consommation énergétique effrénée dans les pays industrialisés et l'explosion du développement économique de la Chine et de l'Inde, la demande en pétrole et gaz notamment devrait augmenter de 60% d'ici 2030 et doublerait pour l'électricité dans les 30 prochaines années. Face à cette réalité, les énergies renouvelables semblent encore dérisoires en termes de capacités installées, même si beaucoup de pays comme l'Allemagne et le Brésil ont renforcé l'utilisation des énergies propres par des décisions et un soutien du gouvernement. Pour ce qui est du bilan chiffré de l'utilisation des énergies renouvelables dans le monde, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), avance dans un rapport publié en 2006 le pourcentage de 14% (dont 6% seulement pour les pays de l'OCDE) contre 80% à partir de combustibles fossiles, pétrole, charbon ou gaz, et 6% pour le nucléaire. Vers la même année, selon l'AIE, les énergies renouvelables représenteront 26% de la production d'électricité, contre 18% aujourd'hui. En Europe, une directive table sur un objectif minimal de consommation en énergies renouvelables pour 2010 de 21% pour l'électricité, de 5,75% pour les biocarburants et de 12% pour la consommation énergétique primaire. La réalité est tout autre puisque mis à part l'Allemagne et le Danemark (l'Allemagne a le plus grand parc éolien mondial et le Danemark utilise le mix électrique intégrant la plus grande part d'éolien au monde) ou encore la Suède, la progression de l'utilisation des énergies propres reste minime. En fait, à travers le monde, aucune source d'énergie renouvelable n'est exploitée actuellement en quantité suffisante et à grande échelle. Malgré les potentialités de l'énergie solaire par exemple, le photovoltaïque ne produit que des quantités restreintes d'électricité à l'échelle industrielle. Il faut dire que les gisements sont sous-exploités en raison notamment des investissements colossaux qu'elles nécessitent et des surfaces très étendues indispensables pour les emplacements réservés aux éoliennes et aux panneaux solaires. Par ailleurs, les techniques utilisées ne sont pas toujours bien maîtrisées et leur utilisation industrielle exige selon certaines estimations encore un certain nombre d'années. On parle d'énergies renouvelables et on consomme du pétrole Lorsqu'on passe en revue ces éléments, on en vient à expliquer la tiédeur des gouvernements occidentaux vis-à-vis des énergies propres, par leur souci de préserver la croissance en puisant dans les énergies fossiles, qui restent malgré leurs prix affichés sur le marché mondial meilleur marché et moins compliquées à acquérir. De plus, au niveau mondial, la consommation d'énergie croît à un rythme très soutenu et nécessite rapidement de plus en plus de «combustible» alors que la production d'énergie renouvelable reste limitée et n'attire que de timides initiatives servant plus à donner bonne conscience vis-à-vis du réchauffement de la planète qu'à régler sérieusement et durablement le problème. Dans son dernier rapport intitulé «World Energy Outlook 2006», l'Agence internationale de l'énergie tire pourtant la sonnette d'alarme et estime que le fait d'appliquer un programme d'efficacité énergétique dans douze pays-clés à travers le monde diminuerait les émissions mondiales de CO2 de 40%. Selon l'AIE, cette politique énergétique induit certes des surcoûts d'investissement importants, mais ceux-ci seront rapidement compensés par les économies d'énergie réalisées et une rentabilité économique certaine. Pour amener les Etats occidentaux à adhérer à cette démarche d'efficacité énergétique, l'AIE expose deux hypothèses. Selon la première si les Etats n'entreprennent rien pour limiter la consommation d'énergie, la demande globale d'énergie augmenterait de 53% d'ici 2030, dont 70% proviendraient des pays en voie de développement comme la Chine et l'Inde, et les émissions globales de gaz à effet de serre augmenteraient de 55%. Un scénario qui provoquerait une fragilité des pays consommateurs, avec des risques de pénuries d'énergie, et amplifierait le changement climatique. Selon la seconde hypothèse, les gouvernements s'impliquent dans cette démarche et la demande énergétique mondiale serait réduite de 10% en 2030 et les émissions de CO2 réduites de 16%. Des scénarios visant à sensibiliser les Etats les plus en vue de la planète pour les amener à investir pour stopper le réchauffement climatique ou tout au moins le ralentir. Repères Energies renouvelables : elles concernent l'hydraulique, l'éolien, le photovoltaïque, le solaire thermique, la géothermie, la biomasse, le biogaz et la pile à combustible (stockage de l'énergie électrique sous forme d'hydrogène) Eolien Cette énergie offre deux grands avantages, puisqu'elle est totalement propre et renouvelable, les petites installations permettent d'électrifier les lieux isolés et donnent une certaine indépendance à de petites communautés (un village ou un regroupement d'industries…). Principal inconvénient de cette source d'énergie, son manque de flexibilité et son inconstance. Le vent ne souffle pas forcément quand on en a besoin ! Hydraulique Avantages : faible coût et puissance importante délivrée. Inconvénients : nombre de sites limités, dégâts environnementaux et coûts élevés des investissements. Solaire photovoltaïque Avantages : peut être installé partout. Inconvénients : coûts de fabrication très élevés, rendements faibles Géothermie Avantages : source d'énergie constante de forte puissance. Inconvénients : nombre de sites limité, corrosion de l'eau géothermale Bois et biomasse Avantages : possibilité de stockage, bilan des émissions de CO2 très faible Inconvénients : capacités limitées par la surface des terres disponibles (Source : La vie après le pétrole, Jean-Luc Wingert, Editions Autrement, 2005). – 30 milliards de dollars ont profité aux énergies renouvelables à travers le monde en 2004 en plus de 20 à 25 milliards de dollars supplémentaires pour les grands ouvrages hydrauliques, principalement dans les pays en développement – 150 milliards de dollars ont été investis pour les énergies fossiles. – Au moins 48 pays ont dorénavant une politique nationale de promotion des énergies renouvelables, dont 14 pays en voie de développement – Le Danemark est le leader européen en matière d'éolien offshore. Il devrait atteindre une part de 29% d'électricité produite à partir des énergies renouvelables avant 2010. – En Allemagne, les énergies renouvelables pourraient fournir, dès 2020, un quart de l'alimentation électrique, permettant d'éviter l'émission de 110 millions de tonnes de CO2. – L'Algérie a lancé officiellement un programme de maîtrise de l'énergie en 2003 à travers l'APRUE notamment. Le gisement dans ce domaine est de 20 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) d'économie d'énergie sur une demande évaluée à 60 millions de tep à l'horizon 2020. Z. H.