Montréal. De notre correspondant Avant le scrutin, ce parti ne comptabilisait que 5 députés. Le Parti libéral (PLQ), au pouvoir, a vu le nombre de ses députés passer de 72 à 48 et le Parti québécois (PQ) de 45 à 36. La nouvelle opposition, l'ADQ, bien que se définissant de centre droit, n'a rien à envier au Front national du Français Jean-Marie Le Pen. Des observateurs n'hésitent plus à qualifier le parti du jeune Mario Dumont, il aura 37 ans en mai, de formation d'extrême droite. Ce séisme politique, qui donne au Québec le premier gouvernement minoritaire depuis 1878, est le résultat logique d'une campagne électorale menée, non pas par les partis politiques, mais par les tabloïds, principalement Le Journal de Montréal qui affectionne d'appeler le leader de l'ADQ «Super Mario». Ce journal s'est distingué par un traitement des communautés immigrées, principalement arabe et musulmane, aux limites du racisme. Sa dernière trouvaille a été le vote des femmes voilées (niqab). Une affaire qui a soulevé un curieux tollé vu le nombre de ces dernières — elles seraient une trentaine sur plus de 5 millions d'électeurs ! A l'annonce des résultats, Lamine Foura, journaliste, animateur radio et en charge de la campagne de la seule candidate d'origine algérienne, Naïma Mimoune, a lancé «un appel à tous les immigrants du Québec pour se mobiliser face au péril ADQiste». «Passer de 5 à 41 députés est un signe que le Québec vire à droite», a-t-il déclaré à El Watan au siège de la permanence électorale de Naïma Mimoune. Cette dernière, qui s'est présentée sous les couleurs du PQ, a été battue par le candidat libéral. Elle a affirmé que pour elle, sa victoire a été «son investiture du 22 février». «J'ai voulu que le PQ remporte le comté de Viau, un bastion libéral depuis 25 ans», a dit celle qui a réussi à réduire l'écart entre son parti et le PLQ de 12 000 à 5000 voix. Simone Darrieux, agente officielle du PQ à Viau, n'hésite pas à affirmer que «Naïma Mimoune ne devra pas son score aux Maghrébins, mais aux Québécois», en référence à l'absence des Maghrébins, à quelques rares exceptions, pendant les 33 jours de sa campagne. En attente des résultats détaillés sur la participation, il semblerait que les Maghrébins du comté n'ont pas voté en masse. «Ils sont venus. Ils l'ont félicitée, mais nous ne les avons plus revus sur le terrain», a ajouté Simone Darrieux.