Les résultats de la présidentielle 2009 montrent on ne peut mieux le peu de cas fait de l'expérience démocratique en Algérie. Le césarisme constitutionnel de novembre 2008, confirmé jeudi dernier par un taux à la soviétique digne des « démocraties populaires » qu'on croyait en tout cas à jamais banni chez nous au lendemain des événements d'octobre 1988, achève ainsi de mettre en place un régime dont le retour graduel du (des) parti (s)-Etat reste le soubassement même du « despotisme éclairé » qu'on veut ériger. Le plébiscite de Bouteflika n'est en réalité rien moins qu'un retour triomphal du parti-Etat à travers son succédané partis-de-l'Alliance-Etat dont on veut faire l'exemple algérien d'une « démocratie plébiscitaire ». Or, tout le monde sait qu'une démocratie plébiscitaire est au multipartisme ce que la dictature est au système du parti unique. Quid du pluralisme politique en Algérie ? La question reste fort d'actualité ne serait-ce que parce qu'en dehors des trois partis de l'Alliance (FLN, RND, MSP), les partis d'opposition sont réduits à leur plus simple expression, compte tenu des conditions défavorables de l'exercice politique. La vie politique nationale tout entière se résume à l'action des officiels qui gardent un monopole sévère sur la gestion des grands dossiers comme sur les projets qui engagent le destin national. Il en est ainsi du processus électoral, de l'accès aux médias lourds pour un débat contradictoire, de la libre expression. Tout cela dans un environnement, faut-il le rappeler, caractérisé par le maintien de l'état d'urgence avec toutes les limitations qu'on lui connaît, du moins théoriquement, dans le domaine des libertés. Ainsi vingt ans après la mise en mouvement des libertés démocratiques, l'Algérie semble avoir choisi de prendre le chemin inverse sans jamais s'assurer des risques que lui fait courir pareille entreprise. Avons-nous seulement fini de régler la facture de l'ère de la pensée unique pour qu'on daigne créditer à nouveau aujourd'hui ce système politique qui a mis le pays à genoux ! Il est une telle insécurité à vouloir transformer vaille que vaille toute issue démocratique au pays en une impasse politique ruineuse.