Dans les annales de la justice britannique, il est difficile de trouver un cas aussi inédit. Mardi dernier, le tribunal de Bristol a condamné un homme de 42 ans à neuf ans de prison pour avoir pulvérisé des matières fécales dans des lieux publics en Angleterre. Le nom de l'inculpé ? Sahnoun Daïfallah. Sa nationalité ? Algérienne. Damned ! Diplômé en chimie industrielle, au chômage depuis quelques mois, Daïfallah a été reconnu coupable de quatre chefs d'inculpation, dont contamination de nourriture et possession d'une arme, en l'occurrence un lance-pierres. Lors de la perquisition de son domicile, les policiers avaient retrouvé des réserves de ses cocktails nauséabonds ainsi que des plans pour les disperser dans plusieurs villes britanniques, notamment à Bristol et à Birmingham. N'ayant pas subi d'expertise psychiatrique, ayant récusé les charges retenues contre lui lors de son procès, on ne connaît pas les véritables motivations de cet homme. C'est en mai 2008 que Sahnoun est passé pour la première fois à l'acte à Cirencester, dans le sud de l'Angleterre. Muni de son pulvérisateur, qui contenait un mélange d'urine et d'excréments, il fait irruption dans une librairie avant d'asperger un rayon de livres pour enfants de sa mixture infecte causant ainsi des dommages sur plus de 706 ouvrages. Deux jours plus tard, il récidive dans la ville voisine de Quedgeley, où un client l'a surpris en train de s'en prendre aux frites dans un supermarché. Last but not least, Sahnoun s'en est pris à un autre supermarché, où un employé du rayon vins a remarqué son comportement suspect et senti une forte puanteur. Les dégâts provoqués par les actes de Sahnoun ont coûté aux contribuables britanniques la bagatelle de 790 000 euros. Lors de son jugement, la juge Carol Hagen n'a pas trouvé assez de mots durs pour qualifier les agissements de cet individu. « Vos actions démontrent un total mépris pour la sécurité du public et vous avez causé une angoisse et une inquiétude considérables », lui-a-t-elle déclaré. Evidemment, devant la nature plutôt insolite des produits découverts lors de la perquisition, les enquêteurs avaient d'abord cru avoir affaire à une sorte de djihadiste d'Al Qaïda voulant perpétrer des attentats chimiques ou bactériologiques. La police avait alors mobilisé d'énormes moyens pour tenter d'élucider cette affaire. Et la juge Carol Hagen n'a pas manqué de le rappeler au chimiste en herbe : « Vous avez mobilisé une importante quantité de policiers et de techniciens médico-légaux, car la nature des substances était inconnue », a-t-elle relevé. Aussitôt la sentence prononcée, les autorités britanniques ont engagé une procédure d'expulsion de Sahnoun Daïfallah vers l'Algérie.