Depuis quelques années, les habitants de la cité Bylot (commune Les Eucalyptus) souffrent de perturbations et d'irrégularités touchant l'approvisionnement en électricité. L'alimentation en la matière est sujette à des coupures qui durent parfois jusqu'à quinze jours à entendre des habitants rencontrés sur les lieux. Quand cette source d'énergie est disponible, c'est en quantité insuffisante pour satisfaire la demande locale, et de surcroît elle cause des dégâts de par les fréquentes chutes de tension. Ces dégâts se traduisent par la détérioration des équipements domestiques à l'exemple des téléviseurs et des réfrigérateurs, et dont les réparations coûtent cher. « J'ai déjà jeté 26 kg de viande bovine congelée. La marchandise en question est avariée et ne peut être ainsi consommée. Et cela, à cause de la récente coupure d'électricité qui a fait que le frigo ne fonctionne pas. Ainsi, la viande se détériore. Vu cette situation, je suis obligé de m'approvisionner en électricité auprès d'un voisin qui habite à la cité des 600 Logements », explique un boucher en colère. « J'ai perdu aujourd'hui plus de 2000 baguettes, soit 20 000 DA à cause de la coupure d'électricité », renchérit son voisin boulanger. En effet, quand elle s'est produite, j'avais déjà mis un quintal de farine dans le pétrin, de quoi fabriquer 500 baguettes. Je suis obligé ainsi de la jeter. Entre-temps, j'ai disposé pour le façonnage et la fermentation, respectivement 500 et 1000 pains. Tout cela est à jeter aussi », précise-t-il. « L'électricité est devenue un luxe. On ne travaille pas. Je ne ramène qu'une petite quantité de produits laitiers pour la vendre. Il n'y a pas où les garder au frais vu les coupures d'électricité », relève un crémier. « Je ne fais pas de tartes et tous les gâteaux à préparer à base de la crème. Ces produits doivent être gardés au frais », constate un pâtissier. « Je traîne avec moi souvent de la pharmacie à la maison et dans le sens inverse dans une glacière des médicaments à cause du problème d'électricité. L'équipement informatique ne fonctionne pas. Ainsi, on ne peut pas gérer correctement une pharmacie, sachant que nous avons signé une convention avec la CNAS. Aussi, on ne peut pas stocker des médicaments. Si on le fait, ils seront périmés », souligne un pharmacien. Un vendeur de poulets et d'œufs n'est pas épargné en conséquence : « L'été dernier, j'ai jeté une quantité de marchandise estimée à cinq millions de centimes à cause de la panne ayant touché le frigo. Panne générée par une chute de tension. J'ai dû aussi pour la même raison refaire l'installation électrique. Les réparations coûtent cher. Il faut 15 000 DA pour refaire un moteur », indique-t-il. Même constat d'amertume au niveau d'un laboratoire d'analyses médicales. « Nous avons cessé nos activités depuis vingt jours. L'équipement otoma-hématologie est en panne, car il a été endommagé par une chute de tension. Equipement qui nous a coûté 35 000 DA. Il y a des analyses que nous devons refaire. D'autres analyses, pourtant urgentes, nous ne pouvons les effectuer faute d'électricité », relève un médecin. Cela dit d'autres habitants locaux que nous avons rencontrés indiquent que cette situation désastreuse est générée par « la surcharge d'où la nécessité de recourir au délestage. C'est ce qu'on nous dit au niveau de Sonelgaz. Ces derniers évoquent aussi des problèmes ayant trait à l'état vétuste du poste d'alimentation électrique et le phénomène de piratage. » Contacté en conséquence, un des responsables des services de Sonelgaz de la circonscription d'El Harrach souligne qu'une des sources principales de ce problème réside dans la présence des bidonvilles au niveau de la commune des Eucalyptus. « Les gens qui vivent dans des bidonvilles s'approvisionnent en électricité d'une manière frauduleuse. Aussi, il y a des ménages qui utilisent des équipements fonctionnant avec l'électricité pour se chauffer, faute de gaz. Ainsi, entre 17 h et 21 h, tout le monde utilise l'électricité. Les réseaux d'approvisionnement sont alors surchargés d'où les chutes de tension. Ces mêmes réseaux sont endommagés en conséquence. Ce qui perturbe toute la chaîne de distribution en la matière. »