La phytothérapie rencontre un succès grandissant auprès des consommateurs soucieux d'utiliser au quotidien les bienfaits de la nature. Les plantes concurrencent aujourd'hui la médecine moderne. Des marques de gélules de tisane et de crème à base de plantes se multiplient dans les pharmacies pour traiter des problèmes digestifs, neurologiques, la forme et la beauté. Mais comment tirer le grain de l'ivraie ? Les produits se présentent sous plusieurs formes. Infusion, décoction, poudre, gélule, mais les spécialistes mettent en garde contre les abus ? « Les plantes ne guérissent pas tout, et naturel ne signifie pas sans danger », préviennent-on. La phytothérapie est passée depuis des années de la phase empirique à la phase scientifique et des études cliniques ont identifié les composants et extraits actifs de plusieurs plantes dont les vertus sont chaque jour confirmées, a déclaré le Dr Michel Roussel, enseignant à la Faculté de pharmacie à Lyon, auteur de plusieurs ouvrages et phytothérapeute, lors de la première conférence sur la phytothérapie, organisée vendredi dernier à l'hôtel Sofitel à Alger par les laboratoires Mag Pharm en collaboration avec l'agence de communication Alpharep. Pour le conférencier, les médicaments chimiques ont montré aujourd'hui leurs limites dans le traitement de certaines pathologies, en raison de leurs effets secondaires très importants. Il affirme que les patients décident eux-mêmes d'arrêter ces médicaments et se dirigent vers les produits à base de plantes. « La médecine moderne traverse aujourd'hui une véritable crise, que ce soit sur le plan économique ou écologique, et le patient doute de cette médecine déshumanisée. On assiste au recours aux médecines alternatives, soit par choix, par tradition ou suite aux contre-indications au traitement classique », a-t-il souligné. Dans son exposé portant sur les plantes neurosédatives, le Dr Roussel revient sur toute une panoplie de plantes qui soulagent les personnes souffrant d'anxiété, de stress, de troubles du sommeil et de nervosité. Il cite, entre autres, la valériane, l'avoine, la passiflore, l'aubépine et la plante miracle, le millepertuis (la fleur aux mille trous), un antidépresseur naturel, selon lui, qui vient remettre en cause tous les antidépresseurs classiques aux effets secondaires néfastes. « Des études cliniques ont démontré son action et son efficacité sur les dépressions légères et modérées », a-t-il déclaré en rappelant les symptômes les plus importants d'une dépression. Le Dr Roussel a aussi mis l'accent sur l'efficacité de cette plante dans d'autres affections. « Elle a des effets anti-inflammatoires, antioxydants, cicatrisants, antimicrobiens », a-t-il indiqué. Le Dr Roussel rappelle que le millepertuis n'a aucun effet secondaire sauf qu'il est formellement contre-indiqué ou déconseillé de l'associer avec des médicaments anticoagulants, théophilline, antiépileptiques, les contraceptifs oraux. De plus, certaines études soulignent un effet photosensibilisant potentiel du millepertuis : « Il serait préférable d'éviter la lumière du soleil pendant le traitement. » De part son expérience, le Dr Roussel a précisé que sur les 300 patients qu'il a eu à traiter avec le millepertuis dans la dépression légère, saisonnière et moyenne, 60% des résultats étaient « très satisfaisants ». Il a recommandé aux praticiens de garder le contact avec le malade et de rester attentif pour un meilleur suivi. Quant à la posologie recommandée, le conférencier a souligné que trois prises par jour d'une gélule de 300 mg donne de bons résultats. A noter que le produit à base de millepertuis est disponible en vente libre en pharmacie (non remboursé) sous forme de gélules (Phy Anxio). Pour le Dr Roussel, absorber du millepertuis, c'est absorber du soleil et de la lumière.