Les émeutes populaires ont repris hier dans la wilaya d'El Tarf. Les communes de Dréan, Chbaïta Mokhtar, Chihani, Besbes et Chatt ont été le théâtre d'un important mouvement de protestation. Les brigades antiémeute en faction devant les édifices de l'Etat font également partie des désolants décors. Policiers et gendarmes contrôlent tous les quartiers. Le recours, avant-hier, aux armes à feu ayant causé plusieurs blessés, dont un jeune de 22 ans, Tabsaoui Nadir, atteint au genou n'a pas laissé indifférente, selon nos sources, la 5e Région militaire de Constantine. En effet, une enquête a été déclenchée par cette dernière pour situer les responsabilités. Une mesure qui ne semble pas apaiser les esprits surchauffés des jeunes de la daïra de Dréan. Ils étaient des centaines, hier, à assiéger les locaux de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Ils sont même entrés en querelle avec les employés de cette agence, les accusant de népotisme dans l'attribution des postes d'emploi, notamment en ce qui concerne le chantier de l'autoroute Est-Ouest, dont l'entreprise japonaise Coojal, est en charge de la réalisation d'un important tronçon. « Tout Algérien a le droit au travail. Maintenant, s'il faut provoquer des émeutes pour être entendus, nous en ferons », ont-ils menacé. Les uns ont dénoncé la gestion des contrats d'emploi dans le cadre des dispositions du dispositif d'appui d'insertion professionnelle (DAIP). D'autres ont bloqué la circulation routière sur la RN16, à hauteur du carrefour Sidi H'maïda, et sur la RN84, près du pont de Seybouse. Parallèlement à Chbaïta Mokhtar, une autre commune de la wilaya d'El Tarf, les manifestants ont bloqué l'accès à la cité Racherache et Oued Sebaâ. Ils revendiquaient la libération des jeunes protestataires arrêtés avant-hier par les services de sécurité après des échauffourées. Les communes de Besbes et de Chatt n'ont pas été en reste. Surexcités, les jeunes de la première localités ont investi la cité Belahmar et les seconds la cité Ben Amar, intimant aux passants de quitter les lieux. A l'image de ceux de la commune de Chihani, ils ont tous dénoncé la politique de l'emploi dans leur commune et la précarité dans laquelle ils vivent. « Nous sommes des jeunes chômeurs qui réclamons le droit au travail. Le président Bouteflika nous a promis monts et merveilles, mais rien ne semble venir. Même s'il existe, le dispositif d'appui et d'insertion professionnelle n'a pas profité à la jeunesse de notre commune. » Sur le plan des arrestations, aucune autorité n'a daigné nous fournir des détails sur le nombre des jeunes arrêtés suite à ces émeutes. Selon nos sources, ils seraient une dizaine à être arrêtés et libérés, hier, après leur audition par les enquêteurs de la gendarmerie. Quant aux services de la police locale, nos tentatives de les joindre sont restées vaines. Au lendemain des échauffourées, les dégâts dans les communes concernées, notamment celle de Chbaïta Mokhtar sont toujours visibles. Ils sont considérables et leur estimation n'a pas encore été faite. Rappelons que dans la commune de Chbaïta Mokhtar, le siège de la sûreté urbaine a été, avant-hier, sérieusement endommagé par les émeutiers. C'est à partir de là que les éléments de la brigade d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale sont entrés en action et ont procédé à l'arrestation de plusieurs jeunes soupçonnés d'être les meneurs de ce mouvement de colère.