A peine quelques instants après le discours d'investiture du président Bouteflika, de graves incidents se sont produits dans les localités se trouvant à l'ouest de la wilaya d'El Tarf. Des centaines de jeunes émeutiers – des chômeurs principalement – ont convergé simultanément vers les communes de Dréan, Chihani et Chbaïta Mokhtar pour crier leur courroux. A Dréan, le siège de la sûreté urbaine a été la cible des manifestants qui l'ont saccagé et brûlé. C'est à partir de là que les éléments de la brigade d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale, en position dès le début du mouvement, sont entrés en action. Selon des témoins oculaires, les émeutiers surexcités étaient difficiles à calmer. Pour les disperser, les éléments de la brigade d'intervention rapide de la gendarmerie ont fait usage de leurs armes à feu, de bombes lacrymogènes. Ils auraient également lâché leurs chiens sur la foule en colère. Le face-à-face a généré plusieurs blessés de part et d'autre. Les blessés ont été évacués vers plusieurs polycliniques de la wilaya d'El Tarf et de Annaba. C'est le cas du jeune Tabsaoui Nadir. Agé de 22 ans, celui-ci a été atteint au genou. Nadir a reçu les premiers soins dans la polyclinique Atoui (El Hadjar). Il était alité à côté d'un policier également blessé dans les mêmes circonstances avant d'être transféré au service des urgences du CHU Ibn Rochd. Tout a commencé à partir de la commune de Dréan, distante de 80 km du chef-lieu de wilaya d'El Tarf, où plusieurs dizaines de jeunes chômeurs ont crié leur détresse. En colère, ils ont revendiqué un contrat d'emploi dans le cadre des dispositions du dispositif d'appui d'insertion professionnelle (DAIP). D'autres ont scandé des propos dénonçant la politique de l'emploi dans leur commune et au niveau de la wilaya. Le mouvement a vite fait tache d'huile pour atteindre la commune de Chbaïta Mokhtar. Sans conteste, cette dernière a été la plus touchée par le mouvement de colère. Des centaines de jeunes émeutiers ont investi la RN16 reliant Annaba à Souk Ahras. A l'aide de pneus brûlés, de gros blocs de pierre, des troncs d'arbres et autres objets hétéroclites, ils ont bloqué la route nationale. Ils ont même saccagé les installations ferroviaires reliant Annaba à la commune de Chihani. « Nous dénonçons la pauvreté, le chômage et les conditions de vie misérables dans lesquelles nous vivotons », ont crié les protestataires jeunes et moins jeunes. A signaler que la brigade d'intervention rapide d'El Hadjar (Annaba) s'est déplacée sur les lieux tout autant que la brigade mobile de la police judiciaire de la même wilaya. Leurs interventions ont débouché sur l'arrestation de plusieurs dizaines de jeunes. Ces derniers sont actuellement dans les locaux des services de la gendarmerie en audition. Bien qu'ils aient procédé au blocage de la RN84 reliant la commune de Dréan à celle de Besbes, la wilaya d'El Tarf, les jeunes de la commune de Chihani (El Tarf) n'ont néanmoins pas causé de dégâts importants.