Les conditions de cession du droit de jouissance perpétuelle des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) n'ont pas été respectées par certains notaires », a indiqué hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, lors de son passage dans l'émission « Questions de l'heure » de la Chaîne III. Visiblement embarrassé par la médiatisation de ce dossier, Saïd Barkat a révélé néanmoins que rien que pour la Mitidja, 500 « transactions illégales » représentant une surface de 1800 ha ont été signalées. Ces transferts illégaux ont été effectués durant la décennie noire pendant laquelle « l'Etat s'occupait d'autres choses », a souligné le ministre. L'invité de la Chaîne III a reconnu qu'il ne s'agit pas d'un phénomène marginal. D'après lui, la loi relative aux terres agricoles du domaine privé de l'Etat qui passera devant le gouvernement en 2005 devra mettre le holà à ces pratiques hors la loi. Elle prévoit des sanctions pénales. Entre 1962 et 2001, 161 000 ha ont été distraits pour le compte de l'urbanisation dont 10 000 ha irrigués, a-t-il précisé. « Le risque d'urbanisation pèse sur les terres agricoles », a-t-il affirmé. Et d'enchaîner : « Mais nous allons veiller à la préservation de la vocation agricole. » « Les terres agricoles du domaine privé de l'Etat ne représentent que 30% de la surface agricole utile (SAU) même si elles sont les meilleures », a-t-il tenu à souligner. La SAU est estimée actuellement à 8,6 millions d'hectares dont 2,6 millions d'hectares relevant du domaine privé de l'Etat. Ces terres de la discorde appartiennent aux domaines de l'Etat et ne sont pas près d'être cédées, fera-t-il remarquer. Pour Saïd Barkat, la problématique du foncier se situe à un autre niveau, à savoir le morcellement des terres. « D'ici à quelques années, nous n'aurons que des exploitations d'un demi-hectare. Selon le recensement, 70% des terres actuellement sont de moins de 10 ha. Le morcellement est dangereux et mortel pour l'agriculture algérienne. » Il n'existe pas d'institution pour prendre en charge le suivi, la surveillance et le contrôle des terres agricoles. « Un office national des terres agricoles a été créé sur papier en 1996, il n'a jamais vu le jour », a-t-il déploré. Concernant la loi d'orientation agricole dont va se doter l'Algérie pour la première fois et qui a été adoptée par le Conseil de gouvernement récemment, le ministre a indiqué qu'il s'agit d'une loi-cadre qui va prendre en charge toutes les problématiques de l'agriculture de l'Algérie dont la question des terres de parcours et l'organisation de la profession. « C'est un cadrage politique qui s'inscrit dans les réformes engagées par notre pays », a-t-il déclaré à ce propos. Saïd Barkat a estimé, en outre, que le soutien de l'Etat est très faible en Algérie tout en soulignant que celui-ci est passé de 4% à environ 7%. Le ministre a signalé, par ailleurs, que le montant des investissements dans le cadre du FNR-DA atteint les 100 milliards de dinars en quatre ans mais a généré plus de 300 milliards de dinars. Pour ce qui est de l'impact du Plan national pour le développement agricole (PNDA), depuis sa mise en œuvre, la contribution de l'agriculture au PIB a été de l'ordre de 10% en moyenne ces quatre dernières années, a relevé Saïd Barkat. Ce taux la place en troisième position après les services et les hydrocarbures. Elle génère 391 milliards de dinars de valeur ajoutée. La production annuelle nationale est évaluée à 513 milliards de dinars soit l'équivalent de 8 milliards de dollars alors que la facture alimentaire a été ramenée à 2,4 milliards de dollars. Le taux de croissance durant la même période était de 8% en moyenne. Près de 308 000 exploitations sur les 1 million d'exploitations qui existent sur le territoire national ont adhéré au PNDA. Ce dispositif, qui a créé 822 000 emplois, a permis de mettre fin aux pénuries, selon Saïd Barkat. Reste que la production est désormais confrontée au problème d'écoulement et de distribution que ce soit sur le marché local ou pour les besoins de l'exportation. Saïd Barkat a interpellé les autres départements entre autres les Transports, le Commerce et la PME pour entreprendre des actions pour y remédier, notamment en matière de conditionnement et de transport et en créant des marchés de gros. Enfin, le ministre a indiqué que l'augmentation de la production de lait a permis de diminuer la facture des importations de cette denrée de 654 millions de dollars.