Il avait 17 ans au moment des faits. Farid Bariche fait partie des trois collégiens qui ont fait l'objet d'une arrestation musclée de la part des éléments de la gendarmerie au niveau du pont d'Amizour au moment où ils s'apprêtaient avec leurs autres camarades de classe et leur enseignant de sport à regagner le stade scolaire pour un cours d'éducation physique. C'était le 22 avril 2001, soit deux jours après la tenue d'une modeste marche des écoliers d'Amizour pour commémorer le printemps berbère en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Ce qui sera suivi par l'arrestation des trois collégiens et des émeutes qui ont éclaté. Farid Bariche, d'un profil très timide, a grandi depuis. Il a aujourd'hui 25 ans. Huit ans sont passés depuis ces événements. Discret tout le long de l'année, il fait ses apparitions à chaque anniversaire du printemps noir. Des moments qu'il dit inoubliables. L'ex adolescent trouve que la tournure qu'avaient prise son arrestation et l'élan de solidarité, qui a suivi de la part des populations des localités voisines, sont devenus des traces indélébiles dans sa mémoire. Des photos et des articles de journaux traçant toutes ces péripéties sont gardés soigneusement dans sa chambre, témoigne son frère Hafid qui avoue qu'à chaque anniversaire son frère cadet étale tous ses archives, manière à lui de célébrer cette date historique. Il en garde de frappants souvenirs mais aussi des regrets quant à la dislocation du mouvement citoyen ayant canalisé la colère de la population. Farid, qui est admis au lycée l'année scolaire qui a suivi celle du début de ces événements, a été affecté au Technicum d'El Kseur, mais n'a pas pu aller au terme de ces études secondaires pour pouvoir passer le BAC. Pour moult difficultés, il a préféré quitter définitivement le lycée malgré lui. Depuis, il exerce des petits jobs, comme garçon de salle dans un café maure. Il avoue avoir affronté la bureaucratie même au sein de sa commune pour dénicher un petit emploi. Peine perdue. Il s'est rendu compte que sans diplôme, la tâche est difficile. Aujourd'hui, l'ex collégien s'est fixé un projet, celui de s'engager dans une formation en comptabilité tout en suivant en parallèle des cours à distance dans la filière des Assurances. Histoire de rattraper le temps perdu. Farid pense à son prof de sport, Mammeri Ahmed, décédé il y a quelques années, et se souvient encore du jour où celui-ci a tenté au risque de sa vie de l'enlever lui et ses deux autres camarades des mains des gendarmes.