Tout a commencé samedi vers 20h quand les cris d'une foule en furie se sont fait entendre. « Allah Akbar » pour certains, injures pour d'autres, la bande venue d'une palmeraie toute proche, à mi-chemin entre Saïd Otba, haï El Boustene et la Silice, a contourné le mur de la caserne située à la lisière du quartier résidentiel pour s'adonner à un saccage méthodique de tout ce qui était à portée de main, particulièrement les voitures, les petites épiceries et un bureau d'études. Le massacre a duré plus d'une heure. Etant témoin et victime de ces exactions injustifiées et injustifiables aux yeux des paisibles habitants du quartier et des enfants terrorisés par ce mouvement de masse inattendu à cette heure habituellement calme, celle du dîner, c'est chrono à la main qu'on a observé de la terrasse la scène. Cinq voitures stationnées devant les domiciles de leurs propriétaires ont été mises à sac et fracassées à coups de pierres et de gourdins par les assaillants. Ceux qui ont accouru à leurs portes et au-delà pour appeler à l'aide et protéger leurs biens ont été menacés de mort et lapidés de gros cailloux s'ils s'évertuaient à sortir de chez eux. Les jeunes du quartier en essayant d'avoir le fin mot de l'histoire ont été roués de coups. Quatre d'entre eux ont été évacués à l'hôpital Mohamed Boudiaf pour y subir des soins d'urgence suite à leurs blessures pour n'en sortir que tard dans la nuit. Un cinquième a été traqué dans la cage d'escalier d'un bâtiment et sauvé à la dernière minute par un voisin. Les services de l'ordre sont arrivés après le départ des agresseurs pour prendre les dépositions et faire leur constat photos à l'appui. En effet, leur rapport fait état de l'irruption nocturne d'une trentaine de personnes âgées entre 16 et 35 ans à la Silice. Cette descente fait suite à une altercation dans la matinée entre deux collégiens du CEM du 11 Décembre situé dans le même quartier, l'un demeurant à la Silice et l'autre à Saïd Otba. Le premier a déposé plainte pour violence auprès de la police. Climat d'insécurité Il a été menacé de représailles par le second. Tel serait donc le mobile officiel de ces actes de vandalisme. La population a été stupéfaite par la lenteur de l'intervention de la police. Les forces de sécurité parlent d'une attaque éclair de jeunes déchaînés venus venger l'un des leurs avant de prendre la fuite rapidement vers une destination inconnue. Les quartiers de Bouameur et de Saïd Otba ont connu des perturbations de l'ordre public dans la matinée et fait l'objet de surveillance mobilisant une grande partie des effectifs de la police. A Saïd Otba, la matinée de samedi a été mouvementée avec l'organisation d'un important sit-in des chômeurs devant l'annexe communale. 120 personnes se sont jointes au représentant du forum social national à Ouargla pour revendiquer la présence des autorités locales auxquelles une plateforme de revendications concernant l'emploi a été remise. Les chômeurs qui réclamaient en priorité le limogeage des responsables locaux et régionaux de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM), accusés de clientélisme, se sont dispersés après avoir été entendus par les chefs de daïra et d'APC de Ouargla diligentés par le wali. Ce climat d'insécurité nourri par l'approche des élections et de la campagne électorale fait que la récupération politique bat son plein. Hassi Messaoud, Bour El Haïcha et Ngouça ont eu ces derniers jours leur part de protesta, mais rien n'augurait de l'étincelle qui a pris feu samedi à la Silice. Le bilan de la police fait état de l'arrestation de quatre membres de la famille Boukhriss, le père et trois de ses fils, qui seraient soupçonnés d'être les instigateurs de ce mouvement sachant que l'un d'eux n'est autre que le collégien ayant fait l'objet de la plainte de son « camarade de classe ». Ceci pour les présomptions d'implication dans la descente dont aucun participant n'est connu pour le moment. Le mandat d'amener établi le soir de la descente par le parquet de Ouargla à l'encontre de Abderrahmane Khoukhi, organisateur du rassemblement des chômeurs de Saïd Otba ayant été exécuté le lendemain à 7h, les jeunes de la localité ont coupé la route en guise de protestation. Une intervention musclée a permis à la police de rouvrir la route et d'arrêter une vingtaine de jeunes et cinq mineurs qui devaient être relâchés en fin de journée. Par ailleurs, l'important dispositif sécuritaire installé à travers la ville de Ouargla au lendemain de cet événement et visant la sécurisation des édifices publics, des biens et des personnes a permis de ramener le calme dans la ville, mais au moment où nous mettions sous presse nous apprenons qu'un nouveau rassemblement de jeunes de Saïd Otba s'organisait à la Silice vers 18h30. Affaire donc à suivre.