Pendant très longtemps, la sexualité a été considérée comme un sujet tabou dans la société algérienne. Pensez-vous que cela soit toujours le cas aujourd'hui ? Les comportements ont-ils évolué ces dernières années ? La sexualité a toujours existé chez les Algériens. Il faut cesser de dire qu'il y a une révolution sexuelle dans notre société. Ce qui a changé, ce sont les conditions de vie. Dans le passé, on se mariait très jeune, contrairement au temps présent, l'âge du mariage a reculé et les contraintes sociales sont restées les mêmes. Autrement dit, on essaie de reproduire quelque chose qui n'a pas les conditions de se réaliser. C'est ce paradoxe qui crée une souffrance et une frustration qui se traduisent par un changement social violent qui prend une ampleur inquiétante dans notre société. Que faudrait-il faire, selon vous, pour amener les gens à considérer la question de la sexualité autrement ? La sexualité est devenue plus un problème social qu'individuel, puisque cet épanouissement est tributaire de logement et de travail. Par ailleurs, il faudrait d'abord que la morale sociale change et cela met beaucoup de temps, et que les conditions de vie soient améliorées afin que les individus puissent décider d'eux-même de vivre leur sexualité dans ou en dehors du mariage. Même si cela n'est pas apparent, des livres, des DVD et des vidéos pornographiques circulent sous le manteau à travers le pays. Des jeunes s'amusent même à s'échanger des vidéos « X » par portables… Ce genre d'agissement est un symptôme de refoulement sexuel de jeunes qui éprouvent le besoin de désirer physiquement, alors ils s'expriment souvent de façon frustrée. Quant à l'éducation sexuelle, elle doit avoir lieu d'abord au sein de la famille, car si l'école, par exemple, introduit dans son programme l'éducation sexuelle, et que la famille incrimine ce sujet, l'apprentissage à l'école ne servira à rien.