Battre en brèche les préjugés à connotation péjorative, attribués à la culture hip hop en général, et réussir leurs premiers pas dans la chanson constituent pour Redouane, Mazigh et Hocine, trois graines de rappeurs d'Akbou au sortir de leur adolescence, un objectif qu'ils comptent atteindre dès qu'ils trouveront un éditeur pour l'album auquel ils viennent d'apporter les dernières retouches. Le groupe de rap qu'ils ont constitué l'année dernière « au hasard de leur rencontres », comme l'affirme Redouane, et qu'ils ont dénommé Afra, ambitionne de se singulariser dans ce genre musical prisé par les jeunes en sortant des sentiers battus et des thématiques qui lui sont récurrentes. « Nous avons ficelé ce premier album composé de dix titres pour exprimer dans le style musical qu'on aime ce que nous avons sur le cœur », affirmera timidement notre interlocuteur, non encore habitué aux interviews. Les premières notes de chaque morceau révèlent un travail méticuleux et original qui ne laissera sans doute pas l'oreille des profanes insensible.Des sonorités familières par moments, influences kabyles obligent, attirent d'emblée l'attention de l'auditeur. « Comme nous avons enregistré chez Everest Studio à Akbou, nous ne pouvons que remercier Kiki Akkouche, notre producteur, pour l'aide qu'il nous a apportée en matière d'arrangements », ajoutera Redouane. Dans un flow saccadé, la musique ne manque pas de rythme et les textes, en kabyle, arabe et français, se veulent fouillés et véhiculent des messages contestataires ou revendicatifs censés bousculer la dialectique habituelle des groupes de rap. Il en est ainsi dans Bad Boy où la frange juvénile est subtilement sensibilisée contre les maux qui la consument à petit feu. La vie quotidienne dans une société en mal de repères est tégalement i brossée dans Alatif Nezman Ighdisahene. D'autres thèmes, tels les incontournables déchirements de l'amour, y sont aussi abordés. La photocomposition de la jaquette de leur album est fin prête. Reste à trouver un éditeur et mettre le produit sur le marché pour proposer un autre son de cloche à l'appréciation des mélomanes du rap.