L'accroissement est frappant : la population étrangère en Algérie est passée de 113 000 personnes en 1998 à 325 000 en 2008. L'importation de la main-d'œuvre, l'installation des entreprises étrangères et l'amélioration de la situation sécuritaire ont apparemment fait doubler le nombre de ressortissants étrangers en Algérie. C'est là l'une des conclusions de l'étude réalisée par Mohamed Saïb Musette, sociologue au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, qui devra être présentée lors d'un atelier sur les flux migratoires au mois de mai prochain. Le volume global des étrangers en Algérie est estimé à 95 000 (réfugiés non compris) selon les premières estimations du recensement (RGPH) de 2008, soit à peine 0.03% de la population algérienne. « Avec les réfugiés (à Tindouf), le taux augmente à 0,75% de la population totale résidant en Algérie. Les migrants en situation irrégulière, estimés à 26 000 personnes, font grimper le taux à 0,81% de la population algérienne. En tout et pour tout, l'effectif réel est plus important que les données du recensement. Nous l'estimons à 325 000 migrants (soit 0,9% de la population algérienne », explique M. Musette. 40% sont des chinois Une plus grande présence de travailleurs étrangers est attendue, selon le chercheur du CREAD. Deux nouvelles nationalités sont déjà sur place, à savoir les Chinois (dans le BTP) et les Indiens (dans la sidérurgie). En 1999, selon les données de l'ANEM, à peine 1000 travailleurs étrangers exerçaient en Algérie. Ils sont aujourd'hui plus de 32 000. A eux seuls, les Chinois représentent 40% des travailleurs étrangers en Algérie. Les commerçants étrangers installés en Algérie sont répartis, selon les données du Centre national du registre du commerce de septembre 2007, en 1284 personnes physiques et 3785 personnes morales, dont 82 succursales. Dans la liste des nationalités des gérants directeurs ou présidents de conseils d'administration de sociétés, la France vient en tête avec 719 sociétés inscrites au registre du commerce, soit un taux 19%, suivie des Syriens (542), des Chinois (438) et des Egyptiens (279). Concernant les personnes physiques, il apparaît que les nationalités les plus répandues sont les Tunisiens avec 509 commerçants, les Marocains (416), les Syriens (93) et les Chinois (75). Par secteur d'activité, les opérateurs économiques étrangers sont inscrits pour 30% dans la production industrielle et le BTPH, 29% dans les services et 25% dans l'import-export (1273 sociétés). « Les sociétés étrangères d'import-export sont de véritables relais pour la promotion des produits de leur pays », commente M. Musette. Camps sauvages Pour ce qui est des migrants subsahariens, l'étude du CREAD montre que plus de 2000 migrants en situation irrégulière habitaient dans des camps sauvages à Tlemcen, dans la commune de Maghnia, à la frontière marocaine. « Les services de la gendarmerie parlent de plus de 6000 Subsahariens qui ont fait l'objet d'arrestation, de traduction en justice et d'expulsion depuis l'an 2000 en Algérie », souligne-t-on. La problématique que pose l'auteur de l'étude a trait au fait que « l'Algérie vient de revoir les textes sur les conditions de séjour des étrangers sans pour autant entrer dans les droits sociaux et culturels des travailleurs et des membres de leurs familles, comme stipulé dans le cadre de la convention onusienne de 1990 ». La stratégie algérienne, explique M. Musette, se fonde plus sur des mécanismes sécuritaires, avec l'expulsion à la clé soit vers le pays d'origine (lorsque l'identification est prouvée), soit vers les postes d'entrée frontaliers.