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La maîtrise du taux d'inflation pose toujours problème
Le gouvernement n'arrive pas à la juguler
Publié dans El Watan le 27 - 04 - 2009

L'Algérie peine toujours à maîtriser le taux d'inflation. Et les chiffres de l'ONS, rendus publics la semaine dernière, le confirment.
Rien que pour le premier trimestre 2009, cet indicateur économique a atteint 6,1 %. Professeur à la faculté de l'économie et de la gestion à l'université de Béjaïa, Mourad Ouchichi conteste les statistiques de l'ONS. « Ces chiffres sont contestés et contestables pour plusieurs raisons. Dans leur construction d'indicateurs, ils se basent uniquement sur l'économie formelle. Or, il y a plusieurs variables qui leur échappent puisque l'économie informelle tend à prendre des proportions énormes. Le taux d'inflation avancé est largement sous-estimé par rapport au taux d'inflation réel », explique-t-il, dans une déclaration à El Watan. Plus explicite, M. Ouchichi considère que « les poussées inflationnistes sont inhérentes et structurelles à l'économie rentière du système ». Selon lui, toute valeur monétaire injectée, en théorie, doit avoir une contrepartie en termes de création de richesses.
Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, dira-t-il. « Chez nous, l'injection de la monnaie répond beaucoup plus au souci du maintien de la paix sociale qu'à celui de la gestion économique, proprement dite. La fonction de notre économie est un instrument de légitimation du pouvoir au lieu d'être un instrument de création de richesses selon les lois du marché », argue-t-il, en rappelant que « la rationalité politique a pris le dessus sur la rationalité économique ». Ce qui lui fait dire qu' « on se trouve avec des phénomènes d'inflation, des pertes permanentes du pouvoir d'achat et une masse monétaire en circulation beaucoup plus importante que la masse des services ». Pour M. Ouchichi, l'injection de sommes faramineuses dans une économie improductive conduira vers la hausse du montant des importations et du taux d'inflation. « C'est ce qu'on appelle le phénomène de l'inflation importée », note-t-il. Notre interlocuteur reste très sceptique pour l'avenir. « La chute des prix du pétrole conduira à une catastrophe que personne ne pourra maîtriser. Le taux d'inflation est amené à augmenter sans aucun doute », prédit-il. Farid Yaïci, également professeur à l'université de Béjaïa, avance, pour sa part, quelques explications. « Il peut y avoir plusieurs facteurs.
On peut expliquer cette inflation par la politique monétaire expansionniste. Pour le moment, il y a un excès de liquidités dans les banques et la Banque centrale intervient pour éponger cet argent », estime-t-il, en soutenant que « les pouvoirs publics ne devraient pas trop y recourir afin de stabiliser les seuils de l'inflation ». D'après lui, l'Algérie qui peut encore faire face à la crise sur une période de deux ans, en raison de son matelas financier, ne devrait pas pour autant « dormir sur ses lauriers ». L'Etat qui joue, dira-t-il, au pompier, devrait être plus prudent pour ne pas « aggraver le déficit budgétaire ». M. Yaïci fait également référence à « une inflation importée ». « L'inflation peut être importée du moment où les prix des produits importés par l'Algérie ont augmenté sur les marchés boursiers », souligne-t-il.


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