Notre pays a connu un développement global relativement important, mais insuffisant pour supporter les besoins de la population, surtout dans le domaine de la production laitière qui est un domaine important des pays développés. L'Algérie paye une facture de 600 millions de dollars pour importer plus de la moitié de notre consommation (soit 5 milliards de litres). La consommation moyenne en Algérie est de 130 l/habitant et par ans. Ce qui est nettement supérieur aux normes de l'OMS. L'Algérien, ne pouvant se permettre de consommer des protéines provenant du poisson de la viande rouge ou blanche se rabat sur le lait et le pain. Il en consomme environ 500 cl de lait et 500 g de pain. Heureusement que l'Etat soutient ces deux principales matières. Beaucoup d'agriculteurs se sont jusqu'à présent obstinés à cultiver des céréales sur des terres ayant une toute autre vocation, avec l'espoir de réaliser bien vite des bénéfices énormes. La réalité, étant toute autre. Des rendements médiocres sont venus récompenser leurs efforts. Sans vouloir préjuger du futur, il est raisonnable de penser que ces situations ne pourront survivre trop longtemps, surtout dans un monde où le perfectionnisme n'existerait plus. C'est donc, de l'agriculture au sens le plus large du mot que ces exploitations devront s'occuper ; c'est-à-dire associer l'élevage à la production fourragère et céréalière ou arboricole. D'après Sanson : «l'économie du bétail est l'axe sur lequel tourne l'exploitation rationnelle et scientifique de la terre. Tel bétail, telle agriculture…» Ce changement agricole réclamée depuis longtemps et surtout ces dernières années, trouve dans la situation actuelle maintes raisons pour le justifier. La production algérienne en lait et en viande n'arrive pas à couvrir la demande bien modeste du consommateur. Il semble permis de demande augmentera avec le temps. Beaucoup de familles ne peuvent plus se permettre de consommer mensuellement de la viande (quelle que soit sa couleur). Depuis longtemps, ce qui était nécessité est devenu impossibilité. A ce rythme l'importation e ses barons ont de beaux et longs jours devant eux. Il faut cependant reconnaître que depuis plusieurs années, tous les gouvernements qui se sont succédé avaient réaffirmé leur souci d'assurer l'autosuffisance alimentaire, particulièrement dans le domaine laitier. Car notre devenir alimentaire ne dépendra que de nous. L'année 2005 a été décrétée par le ministère de l'Agriculture «Année de la bataille du lait» et qu'elle sera gagnée d'ici 2006. Certes, il faut reconnaître une légère augmentation avec toutes les aides aux éleveurs. Malgré les énormes efforts consentis en matière de : – les différentes aides aux éleveurs (qui restent nettement insuffisantes) – les importations de bovins par le soin d'opérateurs économiques (importation du rébus européen, en 2004 plus de 5000 génisses importées ont traversé nos frontières, faisant le bonheur de nos voisins). – importations d'équipements – Réalisation d'infrastructures. – Formation et vulgarisation (qui végètent avec la disparition des écoles d'agriculture). Les résultats sont là. Il est honnête de dire que toutes les tentatives d'amélioration du cheptel bovin algérien sont restées dans une phrase de tâtonnement, coupées d'initiatives plus ou moins heureuses. Devant de nombreux essais d'importation de vaches à haut rendement laitier, coûteuses et souvent décevantes, ces animaux prennent t du temps la direction des abattoirs. Le potentiel «production laitière» ne devrait pas être à lui seul, un critère de performance. Il faut y joindre la production de génisses pour le maintien d'un cheptel performant, réduisant ainsi le recours à l'importation anarchique de cheptel. A un certain moment l(es années 1960 à 1980) les domaines autogérés fournissaient la presque totalité de la production laitière nationale (soit plus de 70%). La restructuration des terres entraîna la création de milliers d'exploitations agricoles (EAC et EAI) où malheureusement l'élevage bovin (des milliers de têtes) a totalement disparu pour des raisons techniques, financières, sociales et administratives. Combien et quelles sont les races importées ces dernières années par notre pays ? Quelles sont leurs performances ? Quelle est la longévité d'une vache importée au niveau d'une exploitation ? Le constat est là : ces dernières années, on n'importe plus des vaches destinées à la production laitière, mais des vaches qui prennent soit la direction des frontières, soit la direction des abattoirs, et ce, quel que soit leur génotype et leur performance. C'est pour dissiper ces doutes qu'il paraît utile et plus censé de continuer les recherches déjà entreprises (voir les recherches de la station du Khroub et de l'école d'agriculture de Bel Abbès) sur : – l'amélioration des races locales qui a débuté voilà si longtemps sans être suivie. – Les différents croisements entre les différentes races (cas au niveau de l'université de Sidi Bel Abbès). Pour l'élevage bovin, le problème névralgique a été de tout temps ce lui de l'alimentation. Aux problèmes de qualité des fourrages (non maîtrise des techniques d'exploitation, manque de matériel adéquat) s'ajoutent ceux de la quantité causée par les faibles rendements (mauvaise préparation du sol, variétés, sécheresse, etc.). De même que les ressources semblent s'orienter de plus en plus vers les spéculations qui apparaissent plus lucratives, au détriment des cultures fourragères. Le développement de l'élevage bovin est conditionné par l'amélioration des ressources fourragères. Avant de développer les cultures fourragères, il serait beaucoup plus important de développer la production de semences de qualité et capables de s'adapter à notre climat (travaux effectués au niveau des instituts ITGC et INRA). Ces dernières années, il a été constaté sur le marché national la rareté et la cherté des semences céréalières et fourragères (Il est à signaler qu'aucune semence fourragère n'est produite sur notre sol). – Le vesce (principale légumineuse fourragère) utilisée en association à une céréale à complément disparue (900 DA le q). – L'avoine : principale céréale fourragère : 7000 DA le q. – Le sorgho = 12 000 DA le q, le trèfle = 30 000 DA le q. – La luzerne = 50 000 DA le q. Les quelques semences présentes, de mauvaise qualité n'avaient aucune n'avaient aucune qualification. En association (graminée – légumineuse) il a été constaté un écart de maturité de 5 à 6 semaines, d'où une mauvaise qualité de fourrages. L'élevage bovin est devenu et sera un investissement stratégique (pourvu que l'Etat s'y mette en encourageant les investisseurs). La restructuration de cette filière est primordiale, avec la création d'entreprises d'élevages modernes. Pour cela, il faut opter pour les grandes exploitations. Tout en encourageant les petits éleveurs qui pour eux la production laitière est une vocation qu'ils ont hérité. L'implantation de véritables bassins laitiers est possible en ALgérie. Elle ne peut être envisagée sans la diversification des différentes cultures fourragères. Elle se traduirait par l'installation de cultures à haut rendements et à valeur alimentaire optimale. L'alimentation en vert est obligatoire pour un tel élevage. Les potentialité hydrauliques devront suivre cette intensification (forage – retenues d'eau – extension des réseaux d'irrigation et équipements) selon une classification des régions, et d'après les potentialités en eau. Le climat à lui seul, ne peut être un handicap pour l'élevage bovin. Certes l'Algérie par sa situation géographique se situe dans une zone semi-aride, mais cela ne peut en aucun cas, être une fatalité. Ce qui se passe en Arabie Saoudite en est un exemple, il a été monté l'une des plus grandes étables au monde, par on effectif et a production. Dans notre Sud, et pas très loin de Ghardaïa existe un élevage qui en est un exemple. Même les Canadiens avec leur Holsteïne s'y sont intéressés. Pourvu que les moyens adéquats soient mis à leur disposition. Le ministère de l'Agriculture vient de reconnaître que les objectifs tracés pour 2006 sont loin d'être atteints, malgré les énormes efforts (aides aux éleveurs, importations, etc.) Pour ce qui est des importations, on parle de 50 000 génisses (entre 2007 et 2009). Pour information, une génisse pleine importée revient aux environs de 1800 euros. Sommes-nous préparés à recevoir ce cheptel en cette période ? Sachant qu'actuellement la botte de fourrage (de mauvaise qualité) coûte 500 DA pour un poins de 20 kg. Ces génisses, prêtes à vêler (7e mois de gestation) ont besoin d'une ration composée essentiellement de fourrages verts et d'aliments concentrés à 2500 DA le q. Combien coûtera la ration d'une seule vache ? Et quel sera le prix de revient d'un litre de lait ? Le projet du plus grand centre laitier d'Afrique prévu à Tiaret pourrait être une fenêtre de la solution du lait en Algérie, et surtout de diminuer l'importation de vaches. Car avec un effectif prévu de 10 000 t^tes, théoriquement, si la conduite de l'élevage des génisses (création de pépinières) est maîtrisée : on pourrait avoir 5000 à 5000 bonnes génisses par an. Sidi Bel Abbès, déjà connue pour sa production laitière, pourrait être le second bassin laitier pour l'Ouest, par la création du futur projet hydro-agricole qui est finalisé par la société belabésienne (SODIBER) et qui prévoir l'irrigation d'une superficie de plus de 200 ha. Ce qui pourrait permettre de prendre en charge plus de 5000 UGB. En fait, il me semble que la prospérité de la production latière est le résultat d'un professionnalisme qui apparemment (avec la fermeture des écoles d'agriculture) fera gravement défaut. Réconcilier Sidi Bel Abbès avec sa vocation d'origine, à savoir l'agriculture au sens le plus large, nécessite certainement de passer par la formation de cadres moyens (techniciens) et profiter des expériences passées. La privatisation ou la décentralisation de l'institut technique des élevages de «Lamtar» pourrait permettre l'amélioration des rendements laitiers, vus les moyens dont il dispose. Ce n'est nullement un hasard si Sidi Bel Abbès a été à plusieurs reprises classée parmi les premières wilayas productrices de lait. – 1- La compétence de ses cadres : ingénieurs et vétérinaires. – 2- Le savoir-faire de s es éleveurs, qui malheureusement sont dans la majorité des producteurs laitiers «hors-sol», ce qui augmente considérablement les charges. Mais c'est par amour à la vache qu'il continuent, et que toute la famille participe afin de minimiser ces charges. – 3- et surtout ses techniciens spécialisés en production et santé animales sortis de l'une des meilleurs écoles d'agriculture d'Afrique. L'un des plus grands docteurs vétérinaires qu'a connu notre pays et qui enseignait à Sidi Bel Abbès a dit que pour faire de l'élevage «bovin», il faut – des hommes et du savoir – des animaux – et de la terre. L'auteur est Enseignant à l'université Djillali Liabès de Sidi Bel Abbès