Le développement de la filière bovine laitière devra faire l'objet de nouveaux programmes ou d'ajustement des projets actuels. A défaut, la production laitière demeurera inférieure aux potentialités des cheptels. Les éleveurs se plaignent, en premier lieu, du prix des vaches laitières qui a atteint les 270 000 DA alors qu'il était de 40 000 DA durant les années 1990. Cette forte hausse des prix a contraint plusieurs professionnels à abandonner la filière, nous a confié Messaoud Kerbouche, président de l'Association de l'élevage des vaches laitières à Alger. Cet éleveur a relevé aussi l'importante augmentation du prix de l'aliment du bétail qui est actuellement de 3500 DA/q, auquel il faudra ajouter la hausse des prix des médicaments vétérinaires. Une intervention de l'Etat est ainsi souhaitée pour atténuer l'impact de ces multiples augmentations sur la filière de production laitière. M. Kerbouche pense que sans l'assistance du ministère de l'Agriculture, la filière sera vouée à l'abandon, proposant, à cette occasion, la réouverture des coopératives de wilaya qui permettaient auparavant aux agriculteurs de disposer de leurs besoins en intrants. En raison du morcellement des terres agricoles, la taille des troupeaux est réduite, a-t-il regretté. En effet, la taille moyenne des élevages reste modeste au regard des seuils de rentabilisation requis des investissements. La faiblesse de la superficie agricole des exploitations est explicative également des obstacles à l'expansion des cultures fourragères. Les contraintes de la filière, notamment dans la région de la Mitidja par exemple, sont liées également à l'insuffisance de la sole fourragère par rapport aux besoins du cheptel, aggravée par la faible diversification des cultures fourragères au rendement faible et à faible valeur nutritive. Cette situation accentue les problèmes des éleveurs, puisqu'une grande partie d'entre eux ne possèdent pas de terre et ont un élevage laitier en hors sol. La vieillesse du cheptel : une menace Les spécialistes mettent l'accent par ailleurs sur le vieillissement du cheptel. Dans la wilaya de Aïn Defla par exemple, «1300 vaches laitières ont plus de 13 ans», au moment où d'autres régions comptent des vaches laitières faibles productrices voire improductives. Selon certains intervenants de la filière, l'élevage accuse aussi un faible investissement dans les infrastructures d'élevage animal. A travers de nouveaux projets destinés à l'élevage, le ministère de l'Agriculture envisage de développer les cultures fourragères, en vue de diversifier la ration alimentaire des bovins. De nouveaux sous-produits agro-industriels seront introduits dans l'alimentation, en complément aux produits fourragers. Cette diversification sera une solution aux carences alimentaires chroniques en fin d'été principalement et en hiver, qui agissent défavorablement sur la capacité de production laitière. D'ici quatre ans, il est envisagé d'encourager la profession à créer des centres de production de génisses à haut potentiel génétique. Dans le souci d'améliorer les performances zootechnique, il est projeté de passer d'une production annuelle de 3200 à 4000 litres de lait par vache. Le niveau de productivité laitière de certaines catégories de producteurs s'est significativement amélioré ces dernières années pour atteindre dans certains cas un niveau annuel de 8000 litres de lait par vache, notamment dans la région de Annaba.