Fidel Castro, éloigné du pouvoir pour cause de la maladie depuis plus, d'un an, ne devrait pas plus qu'à la fête nationale du 26 juillet, apparaître pour ces commémorations. Son frère cadet Raul, qui assure l'intérim, pourrait le remplacer et rendre hommage à celui qu'il appelait l'«Argentin». En Bolivie, une marche aux flambeaux se tiendra dans la soirée du 7 octobre à La Higuera, où le Che fut capturé quarante ans plus tôt ; une flamme sera symboliquement allumée. Une «déclaration de Vallegrande», la ville voisine où ses restes ont été retrouvés en 1997, sera adoptée le lendemain, suivie le 9 d'une cérémonie politique. Le 8 octobre 1967, l'armée bolivienne, accompagnée de deux agents de la CIA cubano-américains, capturait le Che à la tête d'une poignée de guérilleros encore en vie ayant survécu aux combats, à la faim et aux maladies. Che Guevara fut conduit dans une école abandonnée où il passera sa dernière nuit. Le lendemain après-midi, le révolutionnaire sera exécuté sommairement par Mario Teran, un sergent bolivien. Le Che entrait dans la légende. Il avait 39 ans. Un temps tombé en désuétude, la mythologie révolutionnaire, dont Che Guevara reste le symbole, a été ranimée en 1997 par la découverte de ses restes — dont l'identification demeure controversée — et leur inhumation solennelle au mausolée de Santa Clara par Fidel Castro. Dans le monde entier, l'image-culte du guérillero — la photo du Cubain Alberto Korda prise en 1960 et la plus répandue au monde — continue de faire l'objet d'une intense activité mercantile, reproduite sur des millions de t-shirts, de posters, de casquettes ou de sacs à main, prisés par la jeunesse des cinq continents, mais aussi des stars du football ou de la chanson. L'extrême-gauche européenne née des événements de 1968 et une partie de l'intelligentsia avaient largement contribué à sa popularisation. Partisan déclaré de la violence politique, Ernesto Che Guevara, après des études de médecine en Argentine, avait fait la connaissance de Raul et Fidel Castro au Mexique avant de participer à la guérilla qui mena les «barbudos» au pouvoir à La Havane en 1959. Après avoir supervisé pendant six mois la répression des «contre-révolutionnaires», il dirigea un temps la Banque centrale cubaine et le ministère de l'Industrie. Artisan du rapprochement de la révolution cubaine avec Moscou, il s'éloignera ensuite des positions soviétiques favorables à la «coexistence pacifique» avec le bloc occidental pour défendre une stratégie de conquête du pouvoir par les armes, plus proche du maoïsme. «D'autres terres du monde réclament la contribution de mes modestes efforts», écrira-t-il à Fidel Castro en quittant Cuba en 1965 pour porter le combat insurrectionnel en Afrique notamment. S'ensuivirent des mois de «disparition» alors qu'il était au Congo à tenter d'y imposer la révolution armée, avant d'engager en Bolivie sa dernière guérilla.