Dr Tifoura Yasmina, médecin du travail à l'EPSP de Kouba « Nous souhaitons que la commission nationale des maladies professionnelles se réunisse à nouveau »« Nous sommes en retard dans la prise en charge des accidents du travail et des maladies professionnelles. Beaucoup de maladies méritent d'être introduites dans les tableaux des maladies professionnelles institués par la sécurité sociale. Chez nous, les troubles musculo-squelettiques (mal de dos, lombalgie, douleur de la nuque et des épaules, etc.) ne sont pas considérées comme étant des maladies professionnelles. Certains cancers sont aussi exclus des tableaux alors que dans d'autres pays, deux à trois tableaux leur sont consacrés. La commission nationale des maladies professionnelles devrait se pencher sur ces cas afin de mieux protéger les travailleurs et pour qu'ils puissent bénéficier d'une indemnisation conséquente. La dernière maladie professionnelle inscrite est la dysphonie chez les enseignants, une décision prise en 2002 par la commission nationale suite à la grève des enseignants qui exigeaient une reconnaissance de cette maladie par la sécurité sociale. Nous souhaitons que la commission se réunisse à nouveau pour introduire certaines maladies graves. » Pr Nafai Dalila, médecin du travail à l'hôpital de Bab El Oued « Le nombre de maladies professionnelles qui exsitent pourraient dépasser de loin les 900 » « La déclaration de l'accident du travail ou de la maladie professionnelle doit, selon Pr Nafai Dalila, médecin du travail à l'hôpital de Bab El Oued, devenir systématique. Avec ces déclarations, souligne-t-elle, des enquêtes peuvent être déclenchées par l'Inspection du travail et c'est ce qui va favoriser la prévention et diminuer l'ampleur du problème. « C'est aussi dans l'intérêt de l'individu. Au lieu d'être en arrêt de travail, il bénéficiera d'une indemnisation à 100% même s'il décède. Une indemnisation dont pourront bénéficier les ayants droit. La collectivité y trouve aussi son compte puisque la CNAS, notamment la branche spécialisée dans les accidents du travail et des maladies professionnelles s'en trouve soulagée financièrement. Ce sont en effet les entreprises qui seront sollicitées pour s'acquitter des indemnisations », précise encore P R Nafai Dalila. Et d'ajouter : « Certes, la médecine du travail est jeune, mais elle constitue une institution légale qui a un poids. Nous déplorons le laxisme de certains employeurs. Bien qu'ils instaurent ou s'engagent à instaurer des conventions avec des services de médecine du travail, qui ne sont pas toujours renouvelées. Cela conduit au fait que les contrôles ne sont pas toujours correctement menés. Je peux vous dire que le nombre de cas de maladies professionnelles est d'environ 900 par an, mais comme il y a une sous-déclaration, le chiffre réel peut être beaucoup plus élevé. »