Sur les 900 cas de maladies professionnelles déclarées chaque année, seulement 85 d'entre elles bénéficient d'une réparation ou d'une prise en charge de la part de la sécurité sociale. La dernière maladie inscrite au tableau remonte à l'année 2002. Il s'agit de la dysphonie dont sont victimes les enseignants. La commission nationale des maladies professionnelles, présidée par le ministère du Travail, n'a pas jugé utile d'introduire d'autres maladies pourtant considérées par la médecine du travail comme étant des maladies professionnelles reconnues et classées comme telles dans plusieurs pays, à savoir certains cancers. Des maladies très souvent graves. Parmi celles-ci figurent le saturisme (manipulation du plomb), l'hydrargysme (manipulation du mercure) et certaines maladies pulmonaires (telles que celles découlant de l'exposition à l'amiante). Les hépatites virales, la tuberculose sont, entre autres, les maladies professionnelles auxquelles sont exposés les personnels hospitaliers. Les secteurs d'activité où l'on enregistre le plus d'accidents du travail et de maladies professionnelles sont l'interprofessionnel, le bâtiment et les travaux publics et la métallurgie, a indiqué Mme Saïda Iles, directrice de l'Institut national de prévention des risques professionnels (INPRP), lors d'une journée d'étude inscrite sous le thème « Santé et vie au travail, un droit humain fondamental » organisée hier au ministère du Travail, à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Après avoir donné un aperçu sur les missions et les objectifs du centre qu'elle dirige, Mme Iles a rappelé que l'Algérie est dotée d'un arsenal juridique important pour justement prévenir et réduire le nombre d'accidents du travail et des maladie professionnelles . A ce propos, elle est revenue notamment sur le rôle de l'institut qu'elle dirige dans la sensibilisation des employeurs. L'aveu du ministère du Travail Quant au nombre de victimes d'accidents du travail, le ministère du Travail et de la Sécurité sociale a carrément fait l'impasse sur la question. Aucune statistique n'a été donnée. Le ministre du Travail, Tayeb Louh, s'est contenté de rappeler, dans son discours, les engagements pris par l'Algérie en matière de protection des travailleurs contre les accidents du travail et les maladies professionnelles, en prenant à témoin M. Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, présent à cette journée. M. Louh a évoqué ainsi la mise en place d'outils juridiques et d'institutions de prévention et affirmé que l'Inspection du travail a effectué 64 548 inspections dans des entreprises au courant de l'année 2008 et que 18 entreprises ont mis en place un programme de prévention pour la santé et la sécurité. Le ministre a toutefois reconnu que « tous ces efforts demeurent insuffisants en l'absence de la participation des employeurs qui ont le devoir d'offrir les conditions d'hygiène, de santé et de sécurité dans les lieux de travail ». Qu'en est-il de la prise en charge des victimes de ces maladies et de ces accidents ? Les médecins du travail estiment que beaucoup reste à faire, que ce soit du côté de l'employeur ou de celui des caisses de la sécurité sociale. Le professeur Nafai, du service de médecine du travail de l'hôpital de Bab El Oued (Alger), lance à ce propos un appel aux médecins traitants afin de penser à l'étiologie professionnelle et à déclarer les malades. Le professeur Nafai rappelle que les visites préventives sont un droit de l'employé et que les textes de loi font obligation à l'employeur d'assurer une visite lors de l'embauche, une autre périodique et une spéciale. Il est fait obligation à l'employeur d'assurer à l'employé une visite de reprise après un arrêt de travail pour s'assurer de ses aptitudes. Le professeur Nafai, qui estime que la médecine du travail n'est pas encore ancrée dans les esprits des employeurs, juge important d'informer et de sensibiliser les concernés pour une meilleure protection du travailleur et de sa famille. A ce propos, elle déplore que seulement 85 maladies professionnelles sont indemnisables alors que d'autres méritent d'être inscrites dans l'intérêt du travailleur et de la collectivité.