InfoSoir : Quelle est l?importance de la médecine du travail pour l?entreprise ? Dr Madji : Actuellement, l?on ne parle plus de médecine du travail, mais de santé au travail. La santé, c?est l?affaire de tous, en premier lieu de l?entreprise pour essayer d?améliorer les conditions de travail et l?environnement des employés. Le médecin du travail est un conseil, il intervient pour prévenir les maladies et les accidents, ce qui est bénéfique pour la société et les travailleurs. Il doit évaluer les facteurs de risques pour mettre en place un programme de prévention. Quel est le rôle de votre direction ? Nous devons assurer la couverture sanitaire pour prévenir les accidents du travail et des maladies professionnelles. Il faut savoir que le travail peut avoir des répercussions néfastes, puisqu?il y a des facteurs de risques en milieu de travail qui peuvent entraîner l?apparition d?accidents ou de maladies. L?objectif est d?arriver à ce que les travailleurs ne soient pas victimes de maladies ou d?accidents. Il ne faut pas rester au stade de la constatation. S?il y a un risque ou une maladie professionnelle, c?est qu?il y a eu un manquement d?hygiène et de sécurité au sein de l?organisme. Des démarches ont-elles été entreprises pour appuyer la médecine du travail ? Nous avons accueilli, avec beaucoup de satisfaction, la nouvelle réglementation récemment adoptée en Conseil de gouvernement et qui sortira bientôt. Elle est relative aux commissions d?hygiène et de sécurité. Désormais, une commission paritaire d?hygiène et de sécurité devrait exister au niveau de chaque entreprise. Celle-ci permettra le regroupement de l?ensemble des partenaires concernés de l?entreprise, y compris les travailleurs, pour prendre en charge sérieusement le facteur risque au sein de l?entreprise. Les problèmes seront posés et des solutions proposées et discutées. La loi algérienne est claire sur la question, qu?en est-il de la réalité ? La réglementation n?est pas toujours respectée. D?ailleurs, certaines entreprises signent la convention avec les services de la médecine du travail ; la première année, elles installent la commission d?hygiène et de sécurité, mais ensuite, elles n?envoient pas leurs travailleurs que nous ne recevons que s?ils sont malades. La commission ne se réunit jamais. Cela n?a aucun sens. Selon les rapports des bilans d?activité des médecins qui ont transmis leur rapport annuel, 25% des travailleurs sont couverts par les services de la médecine du travail, donc en moyenne, 2 travailleurs sur trois ne bénéficient pas de couverture. Où se situe le problème ? Il y a un manque de prise de conscience du travailleur et de l?organisme employeur. Pour que cela marche, il faut que tout le monde se sente concerné et solidaire. Le médecin doit fournir le rapport annuel à l?employeur, car ce dernier ne peut savoir ce qui se trame dans son entreprise, pour que des mesures soient préconisées. Le travailleur doit également être mis au courant. C?est dans ce sens que nous avons insisté pour qu?un module sur les risques et les maladies professionnelles soit inclus dans la formation des médecins. (*) Directrice de la direction des risques et des maladies professionnelles au niveau du ministère de la Santé