«Nous avons recueilli les signatures nécessaires pour demander une enquête parlementaire. Nous avons pour le moment rassemblé 23 signatures et il y a encore des députés qui veulent signer avec nous», affirme Mohcene Belabbès, député et chargé de la communication du RCD. Ainsi, la polémique entre les partis politiques engagés dans la course électorale et le ministère de l'Intérieur ne va pas s'estomper alors qu'il ne reste que 10 jours pour le début de la campagne électorale. Après avoir rejeté les arguments du FFS, le ministre de l'Intérieur a également jugé irrecevables «les accusations du RCD». Dans une déclaration faite à la presse en marge de la cérémonie de sortie de la 15e promotion de l'Ecole supérieure de la magistrature tenue hier à Alger, Noureddine Yazid Zerhouni s'est montré encore plus ferme. «Les exclusions des candidatures sont conformes à la loi. Nous n'avons pas d'autres logiques que l'application des lois», déclare-t-il avant d'ajouter : «Les partis qui contestent sont ceux qui ont des problèmes et qui fonctionnent selon la logique de quotas.» Selon Noureddine Yazid Zerhouni, les partis de l'alliance présidentielle, en l'occurrence le RND, le FLN et le MSP, sont les plus touchés par le rejet des candidatures. «Ces derniers sont convaincus par les justifications fournies par le ministère et l'administration», lance-t-il. Dans un communiqué diffusé avant-hier, le ministère a aussi rejeté «en gros et dans le détail» les plaintes du parti de Saïd Sadi qui avait qualifié «de crime d'Etat les dérives de l'administration» lors du dépôt des dossiers de candidatures aux élections locales du 29 novembre prochain. Le ministère précise que «le rejet des candidatures du RCD dans certaines wilayas a été fait pour des motifs allant de l'adhésion à l'ex-FIS dissous, à l'implication dans des activités attentatoires à l'ordre public jusqu'à des condamnations à des peines d'emprisonnement». Selon le ministère, «le RCD a présenté dans la wilaya de Sétif deux candidats qui ont milité auparavant dans les rangs du parti dissous». Dans d'autres wilayas, telles que Bouira, Batna, Khenchela, Bordj Bou Arréridj et El Bayadh, les candidats exclus «sont des personnes ayant des antécédents judiciaires et qui ont été condamnés à des peines d'emprisonnement». «Le RCD a même présenté un candidat décédé», affirme le même communiqué. La réponse du RCD n'était pas tendre. Selon Mohcene Belabbès, «le ministère de l'Intérieur fait dans la désinformation et la propagande». «Le FFS a déjà la réponse» «Zerhouni excelle dans la désinformation et la propagande. Cela se comprend vu son parcours et le poste qu'il occupe. Mais le RCD savait dès le début que ces listes feront l'objet de tentatives d'infiltration et a pris ses dispositions en filtrant tous les dossiers de candidatures. Nous avons dit dès le début que le parti n'acceptera pas le nomadisme politique», souligne-t-il. Pour lui, le ministre de l'Intérieur n'a pas répondu aux vrais problèmes posés par le RCD, «à savoir les dépassements dont ont été victimes les têtes de liste du parti». A propos des candidats qui étaient, selon le ministère, des ex-militants du FIS, Mohcene Belabbès dira : «Ces militants auraient milité pour quelques jours dans les rangs du FIS en 1989, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont des terroristes.» «Si c'était le cas, ils devraient être arrêtés et emprisonnés.» A propos des personnes dont les candidatures ont été rejetées pour des antécédents judiciaires, le responsable du RCD précise : «Les candidats présentés par le parti ont fourni des casiers judiciaires vierges (n°3).» Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a donné sa réponse au FFS qui l'avait invité à un débat public et télévisé. «Pour les candidatures, ils ont déjà la réponse», a-t-il tranché.