Des études montrent que la plupart des « combattants » étrangers en Irak sont des Saoudiens.Ils sont suivis des Libyens, des Syriens et des Yéménites.Les Algériens viennent en 4e position.La majorité sont des étudiants, dont l'âge varie entre 24 et 25 ans.Près de 60% d'entre eux sont affectés, par Al-Qaïda, aux opérations suicide.Une technique que certains rescapés ont exportée vers leur pays d'origine. Lorsque le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, déclarait en présence de son homologue américaine, Hillary Clinton, au cours de cette semaine, que « des dizaines » de kamikazes nord-africains sont venus se suicider en Irak, il ne disait que la vérité. Ce qu'il n'a pas précisé par contre, c'est le fait que c'est Al Qaïda irakienne qui a exporté « la technique des attentats suicide » en Afrique du Nord et non l'inverse. Pour preuve, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie ont fait connaissance avec les attentats kamikazes qu'après l'allégeance du GSPC à Al Qaïda, cette nébuleuse dont la stratégie repose justement sur le recours aux bombes humaines. Les dizaines, voire les centaines de Nord-Africains, qui ont rejoint l'Irak dès les mois qui ont suivi son invasion, ont été effectivement utilisés comme chair à canon, puisque c'est parmi eux que les « chefs » d'Al Qaïda choisissent le plus les candidats aux attentats suicide. La plus récente des études a été réalisée par le centre américain de lutte contre le terrorisme, Combating Terrorism Center de West Point, et démontre effectivement que de nombreux Nord-Africains ont rejoint l'Irak, dès son occupation. En fait, il s'agit d'une analyse de documents récupérés par les troupes US après un raid aérien qui a visé un refuge d'Al Qaïda à Sinjar, près de la frontière irako-syrienne, un point de passage des contingents arabes. Le centre affirme avoir reçu près de 700 dossiers appartenant à des ressortissants étrangers ayant rejoint l'Irak entre août 2006 et août 2007. Ils comportent des fiches avec des informations personnelles des concernés, telles que les pays d'origine, le lieu de résidence, l'âge, la profession, le nom du recruteur et du coordinateur mais aussi l'itinéraire pris pour rejoindre l'Irak et les tâches auxquelles ils sont affectés. Les ressortissants saoudiens occupent la première position avec 41% de l'effectif, soit 244 dossiers sur 595 (certains ont été éliminés du fait qu'il s'agissait de doublons) dossiers analysés, suivis des Libyens avec 18,8% (112), puis des Syriens 8,2% (49), des Yéménites 8,1% (48). Les Algériens représentent 8,2%, soit 49 dossiers et les Marocains 8,1%, soit 48 dossiers. Les autres viennent de la Bosnie, de la Belgique, de la Grande-Bretagne, du Koweït, du Liban, de la Mauritanie, de l'Ouganda, du Soudan, de la Suède et de la France. L'étude montre que sur 700 dossiers, 389 comportent les affectations à des tâches particulières des nouvelles recrues, parmi lesquelles 56,3%, soit 217 cas, sont désignées comme kamikazes et 41,9%, soit 166, sont orientées vers d'autres opérations terroristes ou d'autres missions. Les Saoudiens semblent détenir, là aussi, la plus grande représentativité, puisqu'ils constituent le plus grand nombre parmi les kamikazes. Sur les 244 combattants saoudiens, 151, soit 61,8%, ont été affectés à des opérations, dont 76, soit 50,3%, sont orientés vers les attentats suicide. Sur les 238 combattants non saoudiens ayant été affectés à des tâches, 141, soit 59,2%, ont été désignés comme kamikazes. Parmi eux, les Libyens et les Marocains. Ainsi, sur les 112 Libyens arrivés en Irak (entre août 2006 et août 2007), 61, soit 54,4%, ont été affectés à des opérations terroristes, dont 51, soit 85,2% à des opérations kamikazes. L'étude a également montré que 42,6%, soit 67 des 157 combattants ayant mentionné leur profession sur les fiches sont des étudiants. L'analyse de leur ville d'origine reste assez intéressante, puisqu'elle montre que ce sont les mêmes villes d'où sont partis les contingents vers l'Afghanistan durant les années 1980. Ainsi, 25,6% (51) des Saoudiens ayant rejoint l'Irak sont de Riyad, 22,1% (44) de La Mecque, et 7,5% (15) de Djedda, le reste est réparti sur 72 autres villes du royaume. Par contre, sur les 26 des 36 combattants marocains ayant noté leur origine, 65,4% sont de Casablanca, et 19,2% de Tétouan. En outre, la plupart des Libyens, soit 60,3%, 53 combattants, sont originaires de Darnah, une ville côtière. Benghazi vient en 2e position, avec 21 combattants, soit 23% de l'effectif libyen. Les deux villes, rappelle le rapport, ont longtemps été associées à l'activisme islamiste, notamment le soulèvement fondamentaliste des années 1990 lié à la « Jamaâ libiya al moukatila » (le groupe libyen combattant), composé de vétérans de l'Afghanistan. En ce qui concerne les combattants marocains, 65,4% sont originaires de Casablanca et 19% seulement de Tétouan, alors que les Algériens sont dans 36,4% (8) originaires d'El Oued, dans 22,7% (5) d'Alger et 9,1% de Baraki, le quartier d'où sont natifs certains des auteurs des attentats suicide à Alger. Les Syriens, quant à eux, sont dans 34,3% des cas originaires de Dayr Al Zawr, ville située non loin de la frontière avec l'Irak. Par ailleurs, l'étude a révélé que la moyenne d'âge de toutes ces recrues est comprise entre 24 et 25 ans, mais quelques-unes ont dépassé les 54 ans et d'autres ont un âge compris entre 15 et 17 ans. En outre, 42,6% des 157 (soit 67) recrues arabes sont de jeunes étudiants. Les autres sont de professions diverses. Ce qui prouve que le système éducatif des pays musulmans est une des causes de l'intégrisme religieux. L'étude a toutefois relevé un élément assez important et commun à tous les pays dont sont originaires les « combattants ». Ainsi, 94 soit 46,5% des 202 cas qui ont désigné la date d'entrée en Irak, se sont introduits en Irak le même jour que l'arrivée de leur coordinateur. Il est très probable, indique l'étude, que ces personnes aient voyagé en groupes, dont les plus importants, en nombre, ont commencé leur voyage à partir de Darnah, la ville libyenne. La plupart des combattants (254 sur les 666 qui ont fait état de cette escale) affirment avoir fait une halte en Syrie, pour y rencontrer le coordinateur, lui-même Syrien. Les auteurs de la recherche expliquent que ce convoyage a été permis grâce aux réseaux de contrebande libyens et égyptiens, qui semblent, selon les auteurs du rapport, très actifs.