Lors de la récente séance accordée au secteur de la jeunesse et des sports dans le cadre des audiences des membres du gouvernement, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a passé en revue l'état actuel du secteur mais aussi a donné orientation de ce qu'il y a lieu de faire pour relancer les leviers essentiels du développement sportif comme la formation, l'infrastructure sportive notamment. Le chef de l'Etat a mis également l'accent sur l'intérêt de promouvoir la mise en place d'écoles de formation et des élites dans toutes les disciplines sportives. Voilà une bonne nouvelle qui ne manquera pas, si elle venait à réussir, de transformer à moyen terme entièrement le paysage sportif national dont l'édifice sportif est jusque-là lézardé.C'est la situation très critique du sport national qui a poussé en haut lieu les responsables d'agir de la sorte. Il n'est plus question d'attendre que des sacres tombent du ciel et que l'on continue de puiser une «fausse élite» du vaste et fertile réservoir de jeunes que compte notre pays. En Algérie, il n'existe pas encore un système sportif qui permet un renouvellement régulier de nos élites. La voie à suivre Le chef de l'Etat a montré la voie à suivre. Il n'y a donc plus lieu d'invoquer un quelconque manque de volonté politique ni de nouveaux moyens qui seront certainement dégagés pour cela. Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a lui aussi évoqué, lors de ses sorties, la nécessité de se pencher à l'avenir sur la formation, condition sine qua non pour la refonte de notre sport. Décrypté, le message du président de la République est porteur d'espoir. Il est clair, net et précis. Il sera question à l'avenir de revenir à la valeur du travail et de donner plus d'intérêt à la formation sportive, car un sacre international ou mondial se construit et l'école de formation de l'élite doit tout le temps en constituer le point de départ. Partant de là et à l'avenir, les groupements sportifs doivent impérativement changer d'approche, eux qui, de tout temps, ont été contraints à entreprendre par le haut. Autrement dit, il s'agira de bâtir le creuset le plus large et le plus solide possible de l'élite de notre sport. Contrairement à ce que l'on pense, et malgré les grandes perturbations qu'a connues le secteur de la jeunesse et des sports des années durant, il existe dans notre pays un mouvement sportif national omniprésent qui fonctionne comme il peut. La «pâte» existe Avec un peu plus de moyens, une adaptation et des animateurs passionnés et engagés, le sport national pourra, nous sommes certains, de repartir de plus belle, car si les moyens sont sans doute limités dans les grandes villes en raison d'une forte concentration de la population, ils ne le sont pas dans le reste du pays. Il suffit de parcourir les routes d'Algérie pour se rendre compte qu'en matière de «pâte» et d'infrastructures sportives, nous ne sommes pas des mal lotis. Il sera question seulement d'enlever les mauvaises herbes qui poussent sur nos stades pour les mettre à la disposition des jeunes. Il existe aussi une «organisation» qu'il y a lieu de revoir pour qu'elle fasse un ensemble cohérent dont les fractions seront interdépendantes. Les actions du MSN qui sont certes multiples ne tirent pas toujours dans le même sens. Au bout, le résultat que l'on connaît tous aujourd'hui : les déceptions répétées de nos élites. La volonté affichée de relancer la mise en place d'écoles de formation de l'élite dans toutes les disciplines sportives est une excellente chose qui doit en principe,dans quelques années, donner des fruits et tendre à former de véritables «caractères sportifs», lesquels ensuite seraient capables de répondre aux exigences modernes de la performance sportive. Pour garder le contact avec l'évolution générale, l'athlète algérien doit débuter très tôt à l'entraînement (10 ans, c'est l'âge butoir) afin de se préparer progressivement à la dure carrière de sportif de haut niveau. Les Algériens ont toujours souffert de l'insuffisance de l'entraînement et de leur incapacité à augmenter le volume et l'intensité de la charge. Pour atteindre cet objectif, quel serait alors le modèle d'école de formation de l'élite qui répondrait au mieux aux spécificités locales ? Il ne faut surtout pas perdre de vue que les fonctions du sport sont nobles et multiples et que l'Algérie, pays qui compte une partie non négligeable de jeunes, doit aussi et avant tout s'investir dans l'éducation et le sport peut jouer un rôle déterminant à ce niveau. Sans la généralisation des pratiques physiques et sportives au grand nombre, notamment en milieu scolaire, il y a peu de chances de former une élite représentative au niveau international et mondial : les champions de laboratoire, ce n'est pas notre fort et on n'en a pas encore ni les moyens ni le savoir qu'il faut pour le faire. Aussi, il faut éviter de faire dans les actions isolées, sans ancrage et qui, à peine entamées, finissent toujours par trépasser. Ce qu'il y a lieu de faire par contre, c'est de s'intéresser au mieux à la relance des écoles de formation de l'élite au sein des clubs, cellules de base de notre mouvement sportif national. Devant les multiples problèmes que connaît le sport national, le club reste le dernier espace qui tient encore le coup. En milieu scolaire, il peut être créé des clubs de formation de l'élite. Les enfants qui formeront l'effectif de ces clubs sont puisés à partir des leçons d'éducation physique et sportive (EPS) régulièrement prodiguées. Les jeunes sportifs scolaires pourraient, au terme de leur scolarité, rejoindre sans grande difficulté, car disposant d'acquis, le club sportif phare de la ville. La continuité sera dans ce cas assurée. Le club est un magnifique cadre d'accueil pour les enfants et les jeunes qui se cherchent et qui ont besoin de vivre en groupe et qui aiment la compétition source d'émulation saine. C'est à ce niveau que l'enfant ou l'adolescent détecté peut trouver la pleine expression de son talent. Aucun programme conçu ailleurs, aussi cohérent soit-il, ne pourrait repondre parfaitement à nos besoins. Dans son milieu naturel, près de chez lui, de son établissement scolaire et à moindre coût, l'enfant ou l'adolescent sportif aura toute la latitude de s'adonner à la pratique sportive quelle soit polyvalente ou spécialisée. Une des conditions essentielles de la recherche de la performance sportive reste la disponibilité de l'enfant. On ne peut rien réussir de sérieux sans cette présence régulière de l'athlète et de son encadrement. Le club reste l'espace le plus approprié pour assurer un enseignement de qualité mais également un bon entraînement par la suite. Dans le club, le jeune sportif disposera d'un cadre idoine d'émancipation sportive, car il gravira pas à pas l'échelle pyramidale des niveaux de la performance sportive. Il pourra trouver ainsi la chaleur nécessaire pour se transcender et aller tout le temps de l'avant. Rien de mieux en effet pour un sportif que les encouragements de l'entraîneur, des dirigeants, des parents, des amis et des fans. C'est seulement au sein d'un club que l'on retrouve cette sensation indispensable dans la production de la performance sportive. (A suivre) L'auteur: – Ex-entraîneur et directeur technique national de judo – Ex-Directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya De Tizi ouzou et El Bayadh