Il était 21h30 en cette soirée de veillée de l'Aïd El Fitr. Au moyen d'une voiture 4×4, Tony était venu avec trois de ses camarades algériens, dont Ibtissem une jeune fille, pour siroter un thé à la menthe au bord de la route la Caroube-Refes Zahouane. Heureusement que Tony ne s'était pas exécuté pour se soumettre à cette condamnation à mort que lui avait infligée Djendli, apparemment sous l'effet de psychotropes. Comme ses deux autres complices, ce criminel avait rapidement saisi l'opportunité de travestir leur acte de banditisme en un acte terroriste pour amener d'éventuels enquêteurs sur une fausse piste. Hamel Farouk, 24 ans, Hamdane Chafik, 27 ans et Djendli Abdelhak avaient un casier judiciaire long de plusieurs condamnations pour vol, viol, agressions, coups et blessures volontaires. Ils bénéficiaient à chaque fois de la mesure de grâce présidentielle pour se retrouver et commettre d'autres méfaits. Mais, contrairement à ce qui se passait à chacune de leurs agressions, leurs victimes refusaient de se laisser faire. En effet, deux des jeunes victimes ne s'étaient pas laissées intimider par l'épée à la lame effilée, les deux couteaux de boucher et la bombe à gaz lacrymogène avec lesquels elles étaient menacées. Elles avaient vu que leurs deux camarades, Tony et Ibtissem, étaient véritablement en danger de mort. Alors que la première était sommée de s'agenouiller, la deuxième avait été jetée à terre. Son agresseur la tirait par les cheveux vers l'hôtel Sabri en construction. Bien qu'aveuglés par le lacrymogène dont ils avaient été aspergés, les deux jeunes contre-attaquèrent à mains nues. Leur opposition désarçonna les 3 bandits., ce dont profitèrent le Suisse et la jeune fille pour fuir. Tony trouva refuge dans le maquis à proximité dudit hôtel ; quant à Ibtissem, elle sera rattrapée par Djendli. Celui-ci eut tout juste le temps de lui arracher le sac à main contenant 12 000 DA, un portable et le passeport avant de rejoindre ses comparses dans la voiture qui les avait amenés. Au matin de l'Aïd El Fitr 2005 à Annaba, cette affaire avait fait le tour de la ville. La place publique parlait d'attentat terroriste ayant coûté la vie par égorgement à 2 personnes. Bien que le Suisse ait été retrouvé sain et sauf caché dans le maquis de Refes Zahouane après l'alerte donnée à la gendarmerie par ses 3 camarades, la rumeur ne cessa pas. Tous ces faits et actes ont été décortiqués par le président du tribunal criminel dans l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation. Il y est mentionné, constitution de groupe de malfaiteurs, tentative d'assassinat, vol, coups et blessures volontaires. A la barre, prétextant les avoir faits sous la contrainte, Djendli nia les aveux mentionnés sur les procès-verbaux d'audition des policiers et du juge d'instruction. «Je n'ai agressé personne ; je suis accusé à tort», dira-t-il aux membres de la cour criminelle de Annaba siégeant pour la deuxième journée en cette session automnale. C'est dans le même sens qu'abondera Hamel Farouk dans une tentative de se faire passer pour innocent. De tous les témoins cités, seule Ibtissem se présenta à la barre. Elle a relaté tous les faits contenus dans l'arrêt de renvoi sans confirmer ou infirmer si les deux personnes présentes sur les bancs des accusés étaient ses agresseurs. La plaidoirie de haute voltige de Me Abderahmane Amara évitera à son client Djendli la réclusion à perpétuité demandée par le représentant du ministère public. Djendli Abdelhak, au gabarit de videur, a été condamné à 10 années de prison ferme, Hamel Farouk bénéficiera de l'acquittement, quant au chauffeur du véhicule présent au moment de l'agression et de la tentative d'assassinat du Suisse, qui a suivi de bout en bout la tentative d'assassinat des 4 jeunes, dont le Suisse, on n'en a pas parlé. Comme Hamdane, il est dans la nature.