Incarner une nouvelle génération de chefs d'entreprises et insuffler un coup de jeune à la corporation des patrons, c'est le leitmotiv de Slim Othmani, qui compte se présenter à la présidence du Forum des chefs d'entreprises. « Il faut rétablir la confiance entre le monde des entreprises et l'administration. Aujourd'hui, l'entreprise se comporte comme un citoyen assisté, elle critique mais ne propose rien pour se sortir du marasme qui l'entoure, du problème de la bureaucratie. » Bureaucratie… le mot est lancé. « Ce n'est pas forcément l'Etat qui est en cause. C'est souvent le citoyen qui la pratique. Le fonctionnaire a besoin d'exercer son pouvoir sur quelqu'un pour exister. » Et dans le monde économique ? Selon notre interlocuteur, les réflexes bureaucratiques ne sont pas en reste. Et Slim à Othmani de prendre un exemple : le certificat de conformité. La Banque d'Algérie vient de décréter, il y a un plus d'un mois, que toute importation nécessiterait désormais la délivrance d'un certificat de conformité des marchandises (contrôle de qualité) délivré par un organisme indépendant à l'étranger (type Veritas). Qui paie les coûts de ce nouveau contrôle ? « Souvent l'acheteur, rarement le fournisseur. » Quand on sait que l'Algérie importe pour 40 milliards de marchandises, avec un coût de contrôle variant de 0,5 à 2% de la valeur de la marchandise, le calcul est vite fait : la certification de conformité est une manne pour ces entreprises étrangères de contrôle qui peuvent ainsi espérer de 200 à 800 millions de dollars. « Voilà le type même de bureaucratie qui complique l'existence de l'entreprise, pourquoi faire appel à ces entreprises étrangères ? Pourquoi un contrôle systématique ? Pourquoi ne pas proposer un contrôle a posteriori dans le pays même ? Je dois importer moi-même pour 3 millions d'euros de machines de production. Pour le certificat, je dois désormais débourser 15 000 euros. Voyez le port d'Alger, les bateaux stationnent, les marchandises ne sont pas débarquées souvent à cause de l'absence de ce certificat de conformité imposé par l'administration… Les conséquences en termes de coûts logistiques sont énormes. » Tout un programme que le candidat à la tête du FCE entend bien défendre dans les prochains jours. Rappel Slim Othmani, 52 ans, patron des Nouvelles conserveries algériennes est candidat à la présidence du FCE Forum des chefs d'entreprise. La succession à Réda Hamiani est ouverte. Le scrutin devrait se tenir fin mai. Le candidat Othmani bénéficie du soutien d'une partie des jeunes membres du FCE. Son programme : tourner la page des hydrocarbures en Algérie et favoriser la création d'entreprises pour atteindre l'objectif des 3 millions d'emplois promis par le président Bouteflika.