La Finlande ne connaît pas de redoublement dans ses écoles et les Finnois s'y rendent avec le sourire. Au pays du bon sens, la pédagogie scolaire se nourrit des progrès de la psychologie de l'enfant. Rien n'est entrepris qui puisse contrarier le plaisir, le désir et la motivation des apprenants – plus particulièrement au primaire et au collège. Cela ne signifie pas que les élèves finlandais perdent leur temps en classe. Bien au contraire, l'effort individuel (et collectif) est vivement encouragé. A la différence que la relation maître-élève baigne dans un climat de confiance mutuelle, source de sécurité psycho-affective. De la sorte, la volonté de réussir et le courage y sont éduqués et développés loin de toute contrainte ou stimulants coercitifs (sic !). Les dispositifs d'évaluation s'inspirent de cet état d'esprit et dopent ainsi l'énergie studieuse des élèves, au lieu de la comprimer. Heureux qui comme les petits finnois…Leurs camarades de France vivent sur une autre planète. Celle de la sélection opérée par la «grande trieuse» pour paraphraser Horace Man, grand pédagogue américain qui – porté par son humanisme – qualifiait l'école de «grande égalisatrice». Invité à une table ronde télévisée, un pédopsychiatre français a dit tout bas ce qu'un grand nombre de parents et d'enseignants savent déjà : les écoliers et les collégiens ont une peur bleue de l'école. Seule l'institution scolaire continue d'adopter la politique de l'autruche. Trop amère, la pilule pour afficher son mea-culpa. Et comment ne le serait-elle pas ? En France, l'élève a une boule à l'estomac dès le réveil du matin. Il sait ce qui l'attend : l'échec sanctionné par l'enseignant. Le professeur de mathématiques se place en tête du hit-parade insolite des «bourourou» (l'épouvantail) établi par ce pédopsychiatre. Ensuite, c'est le professeur de sport (bizarre !). Les pédagogues savent combien le calcul au primaire pose problème aux écoliers. Quant au sport, la peur d'être évalué et donc comparé à ses camarades rend l'enfant ou l'adolescent réticent à l'épreuve de la performance. Valoriser l'effort Ce témoignage d'un scientifique rompu à ce genre de problèmes est la preuve par neuf. Au-delà des méthodes d'enseignement ou de la surcharge des programmes – une spécialité des systèmes éducatifs centralisés – c'est le système d'évaluation qui pénalise. Quand règne l'obsession de la note par rapport à la norme scolaire (la bonne note), nul ne peut empêcher l'apparition de ces fléaux : phobie, abondons, décrochages, mal-être et souvent violence. Instruits des dégâts causés par la systématisation de la fonction sociale de la notation (devoirs, compositions, examens), les spécialistes de l'évaluation et les pédagogues préconisent de rehausser sa fonction pédagogique. Faire en sorte que le chiffre donné en rouge en haut de la copie n'inhibe et ne traumatise pas l'élève. La note est ici perçue en tant que baromètre-boussole qui indique le chemin à parcourir et les efforts qui restent à fournir. Vue sous cet angle, l'évaluation ne se place plus à la fin d'un processus mais devient moyen et tremplin vers la réussite, d'où la primauté de l'effort et la relativisation de l'erreur. C'est par tâtonnement expérimental que l'écolier apprend et assimile et pas autrement. D'ailleurs, quel est ce savant qui découvre ou invente à la première expérience ? Aucun. Les erreurs enregistrées sont autant de balises qui mènent au succès. Parce que produit naturel d'une motivation intérieure, l'effort mérite en premier lieu d'être valorisé. Laisser l'appréciation de la qualité du travail en second plan, c'est de la sorte que les résultats de l'élève pourront se bonifier avec le temps, sa motivation n'étant pas contrariée. Cette approche cadre parfaitement avec la psychologie de l'enfant du primaire, là où s'installent les apprentissages de base. Se focaliser sur le résultat d'emblée – les notes, les classements, les performances – revient à briser l'élan vital de l'enfant avide de savoir et de découverte. N'est-ce pas là le lot quotidien des élèves de France et… d'Algérie ?