Les armateurs des ports de pêche de Béni-Saf et de Bouzedjar ayant bénéficié d'un financement au titre de l'aide à la relance dans l'acquisition de 44 bateaux, ont manifesté, hier, leur mauvaise humeur en raison du peu d'empressement mis dans la prise en charge de leurs difficultés à rembourser les crédits consentis par la BADR. Avec la menace de grève en réserve, ce qui pénaliserait les 565 postes d'emploi créés, ils se sont présentés à la direction de la pêche avec une liste revendicative. Lors du tour de table, ils ont essentiellement mis en cause la durée de cinq années imposée pour le remboursement du crédit, une durée associée à un ruineux cumulatif système de calcul des taux de remboursement. Ces deux facteurs se sont greffés sur une période où les sorties en mer sont en permanence infructueuses, particulièrement pour les sardiniers, le pélagique étant à cet égard devenu une denrée rare dans les poissonneries. A cela, les professionnels ajoutent la réduction des sorties, du fait des aléas climatiques, de la stase de trois mois pour le repos biologique, de l'ensablement de la passe des ports qui rend hasardeuse toute sortie dès qu'il y a la houle, des arrêts techniques pour entretien et carénage semestriel. Par ailleurs, ils se sont plaints de charges d'exploitation excessives, de la difficulté à recruter un personnel qualifié alors que les raïs et les motoristes ne montrent aucun intérêt pour se recycler et se mettre au diapason des techniques modernes de pêche. Aussi, les armateurs revendiquent un gel des remboursements en attendant que les pouvoirs publics statuent sur sept propositions de sortie de crise. Ils réclament la prolongation à 25 ans de la durée du remboursement, la bonification du taux d'intérêt, l'adoption d'un mode de remboursement annuel, la prise en considération du tableau d'amortissement, la restitution des droits de douane comme prévu, la révision du système de calcul des taux de remboursement et l'aménagement du prix du carburant dont les hausses pénalisent particulièrement les marins pêcheurs, ces derniers étant rémunérés à la part et non par un salaire. Pour sa part, le directeur de la pêche a proposé à ses interlocuteurs d'obtenir de la BADR un délai de remboursement étalé sur sept ans, ce qu'il est possible d'obtenir, en attendant que les pouvoirs publics mettent en place un mécanisme législatif qui permette de prendre en charge leurs préoccupations. La trentaine d'armateurs présents à la réunion ont refusé d'une même voix, prétextant que cette solution ne diminuera pas la pression financière qui serait en train de les ruiner. Toujours est-il qu'il leur a été promis que leurs doléances seront transmises au ministère de la Pêche.