Selon Benalal Sid Ahmed, élu à l'APW de Aïn Témouchent, la BADR a instruit son avocat d'adresser des mises en demeure par voie d'huissier de justice aux 20 armateurs des ports de Bouzedjar et de Béni Saf, tous bénéficiaires d'un crédit accordé dans le cadre de l'aide à la relance économique au profit d'une politique de modernisation de la flottille de pêche par l'achat de bateaux, une politique initiée par le ministère de tutelle de ce secteur. Aïn Témouchent : De notre correspondant La banque exige des armateurs d'honorer, selon leurs échéanciers de remboursement, la part du principal, les intérêts et intérêts intercalaires ; ce qu'ils affirment ne pouvoir faire hormis deux d'entre eux qui arriveraient à être à jour grâce à des rentrées financières autres que la pêche. « On va inéluctablement vers la saisie des bateaux et en conséquence, cela se traduira au plan social par la ruine de 50 emplois directs et indirects par bateau, soit 1000 familles livrées à la précarité », déclare l'élu. Un armateur explique : « Par malheur, le ministère a convenu avec la BADR d'un crédit à court terme, un crédit remboursable en 5 années, ce qui est une hérésie. En effet, d'une part, il s'avère que ce type de crédit relève plutôt d'un financement pour régler des questions de trésorerie, mais pas pour un investissement qui, lui, nécessite un crédit à long terme. D'autre part, et cette dernière assertion est tellement vraie que notre activité est soumise à des aléas qui nous dépassent. A cet égard, si en 2007, nous avons pu plus ou moins honorer les remboursements pour ce qui est des intérêts, en 2008, avec le remboursement du principal, cela est devenu impossible. Une preuve ? La sardine est à 200 et 300 DA. Le mauvais temps qui empêche toute sortie est venu s'ajouter à l'envahissement du saurel, un poisson qui exclue la présence de la sardine. Les dizaines de camions-frigo qui venaient de l'est du pays s'approvisionner chez nous ne sont plus là depuis belle lurette. » A cet égard, Zenasni Kouider, propriétaire d'un petit sardinier, témoigne : « Depuis janvier, toutes mes sorties en mer sont infructueuses. Les quelques cageots pêchés sont obligatoirement destinés aux 22 personnes de l'équipage, sinon je les perds. Ils n'auraient alors rien à manger. Je n'ai en conséquence pas vendu un poisson. Jusqu'à janvier, j'ai réussi à rembourser 10 à 12 millions de centimes, mais depuis, à l'issue de l'année de grâce, on m'exige le double et cela a coïncidé avec cette catastrophe écologique qu'est la rareté du poisson, je n'ai pu alors rembourser aucun sou. » Et à un autre, Bentalha, d'expliquer : « Nous ne refusons pas le remboursement, mais nous demandons un changement dans la formule crédit long terme ; ce qui est un droit dans une économie de marché. Il y a 8 mois, nous avons saisi à ce propos toutes les instances concernées : chambre nationale de la pêche, ministère, BADR, sans aucune réponse. Pourquoi impose-t-on au seul secteur de la pêche des crédits à court terme pour ce qui est de l'équipement ? Pourquoi nous a-t-on imposée la TVA alors qu'un document stipule que nous devions en être exonérés à l'achat ? » Pour sa part, la direction de la pêche indique avoir accompli les démarches nécessaires auprès de la BADR au niveau central pour que la formule du crédit soit révisée et qu'à ce titre, la réponse tarde à venir.