A l'appel de leurs collègues de Mostaganem, les armateurs de Béni Saf et de Bouzadjar ont paralysé, hier, l'activité de leurs ports de pêche respectifs. Le premier port abrite 192 embarcations dont 132 petits métiers et fait vivre directement 2883 inscrits maritimes. Le second accueille 150 dont 63 petits métiers sur lesquels activent 1099 inscrits. De loin, la plus importante wilaya du pays en quantités pêchées, Témouchent, n'approvisionne pas seulement les wilayas de l'arrière pays mais également les wilayas de l'est du pays. A la Chambre de pêche et d'aquaculture, son président se plaint sur son portable à un interlocuteur de la difficulté de gérer la situation : pas de bureaux, parce que logé par l'inspection de la pêche, pas de secrétaire, etc. Une certaine confusion règne. On met sur le dos de la lutte contre le phénomène harraga la mise en œuvre bien tardive d'une réglementation datant de décembre 2003 relative à l'obligation de disposer d'une autorisation et d'un permis de pêche et surtout de son article 21 subordonnant l'obtention de ces documents au paiement d'une redevance dont le montant vient d'être « excessivement » augmenté au goût des grévistes. Les armateurs vont et viennent. Chacun y va d'une revendication à mentionner sur une liste non encore établie en prévision d'une commission nationale qui, semble-t-il, a été instituée pour recueillir les doléances du monde de la pêche. Certains armateurs étaient tentés de faire reprendre la mer à leurs bateaux, à l'exemple de leurs collègues d'Oran qui, selon ce qui leur a été assuré par la direction de la pêche, allaient cesser la grève et prendre langue avec le ministère de tutelle, lequel a appelé au dialogue. D'autres, par contre, sont déterminés à maintenir le bras de fer, l'application de la circulaire relative à l'autorisation et au permis de pêche ayant fait surgir d'autres motifs de mécontentement. Celle qui revient le plus a trait au relèvement de 10 à 30% de l'apport des armateurs désireux de bénéficier du soutien de l'Etat en vue de réhabiliter leurs bateaux. L'un d'eux nous a confié : « Ah oui, une fois qu'ils ont satisfait les copains, c'est fini, on augmente le montant de l'apport personnel. » Un de ses collègues le rattrape : « Laisse cette revendication pour après, ce qui compte aujourd'hui, c'est la redevance au titre de l'autorisation de pêche qui a été multipliée par 10 sans crier gare. Pourquoi l'avoir fait passer d'une fourchette de 1000/3000 DA à 40 000 DA pour les 10 à 14 m et de 4000 DA à 60 000 DA pour les 18 à 24 m ? »