Oran. De notre bureau Le projet Galsi consiste en la réalisation d'un gazoduc constitué de deux sections on-shore (en Algérie et en Sardaigne) et de deux sections off-shore. Prenant son point de départ à Hassi-R'mel, le gazoduc Galsi s'étendra sur une distance de 1470 km environ en traversant l'île de Sardaigne, pour aboutir, en Toscane en Italie. Sa capacité initiale sera de 08 milliards de m3/an, ce qui contribuera à la sécurisation des approvisionnements en gaz de l'Italie en général, et à travers cet accord, au développement du marché gazier de la Sardaigne, en particulier. Cet accord prévoit la constitution d'une société conjointe chargée du développement du marché et de la commercialisation en Sardaigne du gaz naturel algérien qui sera transporté à travers le deuxième gazoduc Galsi. Cet accord s'inscrit dans le cadre des futurs marchés visés par le projet Gazoduc Algérie Sardaigne Italie (Galsi) qui, au-delà du marché italien du gaz qui représente 40% des exportations algériennes de gaz naturel, vise d'autres marchés européens et même au-delà. En effet, cet accord ne prend toute sa signification que s'il est replacé dans un contexte plus global et pour de nombreux pays consommateurs, une seule et unique préoccupation semble tourner à l'obsession : “Le gaz peut-il donc devenir une véritable alternative énergétique ?” Les projets structurants entamés par la Sonatrach, notamment le Galsi 1, Medgaz, le TSGP, le GEM (Gazoduc Maghreb Europe) opérationnel depuis 1996 et relie Hassi R'mel à Cordoba (Espagne) via le Maroc, s'inscrivent tous dans la perspective d'une vision qui prend en ligne de compte des études géostratégiques sérieuses et qui avancent que la consommation énergétique européenne augmentera de 12% entre 2005 et 2020 et le gaz représentera 80% de la consommation énergétique mondiale au moment ou la consommation de pétrole baissera de 9% et les énergies fossiles de 6.5%. En Europe, un marché de prédilection pour Sonatrach, la consommation du gaz enregistrera + 40% jusqu'en 2020. Cette demande sans cesse croissante bute sur une répartition géographique des réserves qui n'est pas en harmonie avec la taille et la croissance des marchés régionaux. En effet, les réserves de l'OCDE enregistrent une diminution constante (10% des réserves mondiales) et celles de l'OPEP à augmenter (44%). Dans ce contexte le maillon le plus coûteux et contraignant de la chaîne gazière est le transport et l'acheminement du gaz qui va devoir se développer pour accompagner la croissance des flux internationaux. En 2020, les flux internationaux représenteront environ 30% de la production gazière mondiale, passant de 769 milliards de m3 en 2003 à 1 350 milliards de m3 en 2020. Les autres usages vont également se développer, en particulier par l'entremise de la production de liquides de gaz, et l'autoconsommation du secteur énergétique. Le secteur électrique représentera 44% de cette augmentation, suivi par le secteur résidentiel-tertiaire (23%) et par l'industrie (11%). La première guerre froide du gaz Pour saisir toute la signification de ce déploiement de gazoduc en Méditerranée, en passe de devenir la nouvelle route du gaz, il faudrait faire un bref rappel historique sur la première guerre froide du gaz. En effet, le 1er janvier 2006, la Russie a décidé de suspendre toute exportation de son gaz vers l'Ukraine en raison de l'absence de renégociation de son contrat. Jusqu'au 31 décembre 2005, l'Ukraine bénéficiait de prix avantageux grâce à ses bonnes relations et son statut d'ancien pays de l'URSS. Depuis la révolution orange de novembre 2004, les relations russo-ukrainienne se sont considérablement dégradées. Suite à cela, Gazprom a souhaité aligner le prix du gaz ukrainien, jusque là fortement subventionné (50 dollars par 1000 m3), sur celui du marché européen (230 dollars). L'Ukraine a refusé une telle proposition et, à partir du 1er janvier 2006, Gazprom a coupé l'alimentation en gaz. Or, les gazoducs reliant la Russie aux pays européens passent tous par l'Ukraine, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement pour les pays européens. Le 3 janvier 2006, l'Ukraine a accepté l'alignement sur le prix du marché européen et Gazprom a recommencé à alimenter les gazoducs à pleine capacité. Les termes de cet accord imposent, en pratique, une augmentation moins sévère du prix du gaz. L'Ukraine paiera en pratique 95 dollars US par 1000 m3, car elle s'alimentera à plusieurs sources (Turkménistan). Mais, il ne suffisait pas plus à l'union européenne (UE) pour tirer les conséquences d'un tel “différent commercial à première vue mais hautement révélateur” pour faire de la diversification de ses sources d'approvisionnement une option éminemment stratégique. En tout état de cause, la libéralisation des marchés de l'énergie favorise la remise en cause des logiques de long terme, en attirant de nouveaux acteurs, plus agressifs, plus entreprenants, qui doivent se faire rapidement et durablement une place sur le marché. Face aux opérateurs traditionnels monopolistiques, ces nouveaux entrants, à l'instar de la Sonatrach, limitent et dispersent leur exposition aux risques en privilégiant la multiplication de transactions. Elle devient multiénergie. A l'image des majors gaziers, elle vend aussi de l'électricité, elle est active sur plusieurs segments, face à la dérégulation elle adopte la séparation des activités de production, commercialisation, transport et distribution. Elle est, selon les régions, vendeur ou acheteur de gaz, transporteur ou non, assure la distribution dans certains cas et pas dans d'autres, au gré de sa politique d'acquisition ou de prise de participation ou de développement dans les différents pays de l'Union. Une chose est sur, à travers ses différents projets de gazoducs, non seulement elle se repositionne à l'échelle du continent européen mais elle tente incontestablement de développer une dimension mondiale. Chiffres clés – 3 pays détiennent plus de 50 % des réserves mondiales : La Russie (27 %), l'Iran (15 %) et le Qatar (14 %). – 5 pays produisent plus de 50 % du gaz : La Russie (22%), suivie par les Etats-Unis (19 %), le Canada (6,7 %), le Royaume-Uni (3,2 %) et l'Algérie (3,2 %). – 4 pays assurent plus de 50 % des exportations : La Russie (23 %), le Canada (11 %), la Norvège (9 %) et l'Algérie (7 %). – 6 pays consomment 50 % du total mondial : Les Etats-Unis (23 %), la Russie (15 %) suivis de loin par le Royaume-Uni, le Canada, l'Allemagne et l'Iran avec un peu plus de 3 % chacun. – 6 pays totalisent plus de 50 % des importations : Les Etats-Unis (11 %), l'Allemagne (9 %), le Japon (9 %), l'Italie (9 %), l'Ukraine (6 %) et la France (6 %)