Le président de la République s'est entretenu le même jour à la résidence d'Etat de Zéralda (Alger) avec son homologue français. Le chef de l'Etat français a, pour sa première intervention publique, choisi de tempérer considérablement son discours sur la colonisation. Contrairement à ses prises de position antérieures, il ne considère plus que «le colonialisme a des bienfaits». Bien au contraire. Même si le président français n'est pas allé jusqu'à s'excuser pour les crimes abominables commis par le colonialisme français en Algérie, celui-ci a tout de même reconnu le caractère abject et criminel de la colonisation. En effet, M. Sarkozy a affirmé, en soirée, lors d'une rencontre d'hommes d'affaires algériens et français, que «le système colonial a été profondément injuste» et que des «crimes terribles» ont été commis durant la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962). «Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité», a déclaré M. Sarkozy. «Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long d'une guerre d'indépendance, qui a fait d'innombrables victimes (…). Mais il est aussi juste de dire qu'à l'intérieur de ce système, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont aimé l'Algérie, avant de devoir la quitter. Et aujourd'hui, moi qui avait sept ans en 1962, ce sont toutes les victimes que je veux honorer», a insisté M. Sarkozy. Et d'ajouter qu'il était «venu en Algérie pour bâtir entre nos deux peuples un avenir de solidarité partagée». «Parler d'avenir, a-t-il dit, ce n'est pas ignorer le passé.» «Je suis convaincu depuis toujours que pour bâtir un avenir meilleur on doit au contraire regarder le passé en face et c'est ce que nous avons fait en Europe», a déclaré le président français, soulignant que «c'est le travail de mémoire qu'(il est) venu proposer au peuple algérien». «Le moment est venu de confier à des historiens algériens et français la tâche d'écrire ensemble cette page d'histoire tourmentée pour que les générations à venir puissent, de chaque côté de la Méditerranée, jeter le même regard sur notre passé et bâtir sur cette base un avenir d'entente et de coopération», a ajouté le président français. M. Sarkozy a affirmé par ailleurs, devant des chefs d'entreprise français et algériens, qu'il fallait combattre «avec une détermination sans faille toute forme de racisme, d'islamophobie et d'antisémitisme» «En France comme en Algérie, nous devons combattre avec une détermination sans faille toute forme de racisme, toute forme d'islamophobie et toute forme d'antisémitisme», a déclaré le président français. «Le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme ne s'expliquent pas, ils se combattent. Ce qui vaut pour la France vaut partout ailleurs. Il n'y a rien de plus semblable à un antisémite qu'un islamophobe. Tous deux ont le même visage, celui de la bêtise et de la haine», a-t-il ajouté. Au chapitre des relations économiques, le président français s'est engagé en faveur d'un «partenariat d'exception» qui «multiplie les projets et les solidarités concrètes» entre l'Algérie et la France. «C'est en m'exprimant devant vous que j'ai souhaité commencer cette visite d'Etat, parce que je suis venu en Algérie pour parler d'avenir, pour bâtir entre deux peuples un partenariat d'exception», a déclaré M. Sarkozy, devant le forum de chefs d'entreprise algériens et français. «Il est vrai que l'Algérie et la France sont depuis longtemps des partenaires stratégiques», a-t-il ajouté, rappelant que l'Algérie est le «premier client de la France en Afrique». Pour le chef de l'Etat français, «cette relation économique est exceptionnelle», mais la «position (de la France) n'est pas un droit acquis», a-t-il dit, car «l'Algérie est un pays libre, indépendant, qui décide librement» et la France «respecte ses choix et ses décisions», a-t-il affirmé.