Le drame survenu mardi dernier à l'université Ferhat Abbas met à nu les carences de la sécurité des étudiants, lesquels évoluent dans des conditions difficiles. Le meurtre d'un étudiant, à l'intérieur d'une salle de cours, illustre bien l'état de déliquescence dans lequel se trouve cette institution. Ce drame qui, en plus de briser l'avenir de deux jeunes hommes et d'hypothéquer la vie de deux familles, laisse perplexe. Comment l'auteur du crime a-t-il pu introduire un grand couteau et commettre aussi facilement son forfait ? Les responsables du campus, notamment ceux chargés de la sécurité sont interpellés pour éclairer nos lanternes. Cet horrible acte n'est, qu'on le veuille ou non, pas un cas isolé, sachant que de nombreux étudiants se font, pour un oui ou un non, agresser, et ce au vu et au su de tout le monde : « Mercredi dernier, six étudiants ont tenté de m'agresser à l'intérieur même du foyer, situé non loin de la faculté de médecine où je préparais un exposé avec une copine ; personne n'est venu à mon secours, je n'arrive pas à expliquer un tel comportement qui me hante encore l'esprit », dira, non sans amertume, une étudiante en sciences sociales qui s'explique mal cette tentative d'agression. Une enseignante de la faculté des sciences pointe du doigt le laxisme des agents de sécurité : « Le recrutement de complaisance de ces agents, qui n'ont rien à voir avec la sécurité des biens et des personnes, exigeant une formation et un gabarit de sportif, est dans une certaine mesure responsable du crime commis à l'intérieur même du campus. Certains agents qui ne sont pas exempts de tout reproche ne sont là que pour la drague. Les responsables doivent reprendre les choses en main tant qu'il est temps. » Notre interlocutrice n'omettra pas de signaler le comportement douteux de ces vendeurs à la sauvette écumant les campus de l'université. « Que font ces vendeurs de cigarettes et fast-foods ambulants à l'intérieur du campus ? » s'interroge l'enseignante. « Le chemin situé entre l'ancien campus et la clinique privée est loin d'être sécurisé ; beaucoup d'étudiantes ont été délestées de leurs colliers ou téléphones portables dans ces lieux », soulignent des étudiants de la résidence du Dr Mohamed Lamine Débaghine, qui ajoutent : « En fin de journée, pour regagner la résidence il faut être accompagné par un ou plusieurs copains car les alentours sont infestés par des individus oisifs et prêts à tout. » Cette insécurité inquiète les parents qui interpellent les autorités pour qu'elles mettent un terme au diktat de ces voyous. La situation n'est guère reluisante au niveau des résidences universitaires où la sécurité n'est pas le point fort de ces lieux infestés par les boissons alcoolisés, la prostitution et la drogue. La cité universitaire Hachemi (Samo) en est le parfait exemple. A la tombée de la nuit, les abords de cet espace sont squattés par les véhicules de dragueurs et autres proxénètes responsables de la dépravation de bon nombre d'étudiantes, tombées par leurs soins dans la débauche. Pour redorer le blason de ce temple du savoir, les responsables doivent mettre le holà, tant qu'il en est encore temps, d'autant plus que ni la communauté universitaire ni la société ne sont disposés à renouer avec ce mardi noir.