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«Pourquoi les régimes politiques arabes ne sont-ils pas démocratiques ?»
Publié dans El Watan le 15 - 12 - 2007

On m'a invité à répondre à une question qui se pose avec acuité : «Pourquoi les régimes politiques arabes ne sont-ils pas démocratiques ?» je vais essayer d'y répondre en évoquant en premier lieu la démocratie et les élites, ensuite la tentative algérienne de démocratisation, pour déboucher sur l'ébauche d'un processus de démocratisation. Le monde change sans cesse et les sociétés s'adaptent. Toutes les sociétés ne s'adaptent cependant pas aux mêmes rythmes, de la même manière et aux mêmes coûts. Il y a, aussi, celles qui échouent.
Les élites ainsi que les institutions jouent un rôle primordial dans ces adaptations. Les sociétés se gouvernent par des règles qui sont le fruit de l'expérience, de l'accumulation et par la synergie de toutes leurs composantes sociales. Les élites, ce sont ceux et celles qui dominent et influencent au niveau de la justice, de l'armée, des administrations pérennes et des représentations sociales, politiques, syndicales, économiques, scientifiques et culturelles.
L'absence ou l'échec de la démocratisation dans le monde arabe ne peut s'examiner en dehors d'une évaluation sans concessions des comportements, des attitudes et des influences de ses élites. Débattre de la démocratie, c'est aussi évoquer comment fonctionne et s'exerce l'autorité dans une communauté nationale. D'autant que la réalité humaine aujourd'hui tend vers une convergence des modèles de gouvernance étatique, économique, sociale, culturelle et sécuritaire. La question est donc : «comment s'acquiert, s'exerce, se limite et se contrôle le pouvoir dans le monde arabe ?»
Fondée prétendument sur l'adhésion et le consentement du peuple, la gouvernance arabe fonctionne en dehors de toute représentation politique de la société, et de tout contrôle citoyen. L'exécutif s'identifie volontairement à la nation et à l'Etat. Il présente ses décisions comme émanant de la nation, et comme étant toujours en conformité avec les impératifs de sa souveraineté, de sa sécurité et de ses intérêts.
Ces conditions ont conduit à l'établissement d'une gouvernance d'un type particulier et façonné une manière insolite d'exercer le pouvoir. Cela a entraîné une confusion entre l'étatique, le sécuritaire, le politique, le religieux, l'économique, le social et le culturel.
Revêtue de tous ces habits, la gouvernance est devenue un ordre autoritaire établi sans nuance, sans limitation et sans contrôle. Mieux, elle s'est ordonnée législateur en chef, policier en chef, juge en chef et imam en chef. Dans son essence, le régime arabe, comme tout régime autoritaire, n'est pas aménagé de sorte à demeurer compatible avec les droits et les libertés des citoyens. Un exercice institutionnel et légal du pouvoir lui est étranger. Il ne considère pas la Constitution et les lois comme des limitations à son autorité, mais comme des contraintes à imposer à la société et aux contestataires. Il ne répond pas aux exigences d'être issu d'un scrutin sincère et régulier, élu par une majorité de citoyens pour exercer un mandat prédéterminé et des pouvoirs préétablis. Il ne tient pas à un fonctionnement institutionnel, ni au respect des droits et des libertés individuelles et collectives. C'est pourquoi l'absence de liberté d'opinion, de presse, de pensée, d'association, de réunion et d'adhésion n'est pas un problème, mais une solution. Une telle approche devait tenir sans doute, des questions de sociologie, de religion et de culture. Ces jugements sont à nuancer, car tous les régimes arabes ne sont pas totalement identiques, notamment les monarchies du Golfe.
C'est pour toutes ces raisons que la gouvernance arabe, dès qu'elle est confrontée à une crise interne profonde, perd de son efficacité, de sa cohésion, et perd l'adhésion et le soutien de l'opinion nationale. Cela conduit, également, à des enchaînements majeurs, une rupture des rapports entre la population et le régime.
Ceci se traduit par la perte de confiance dans le système de légitimation et d'arbitrage par lesquels le pouvoir exprime une volonté au nom de la communauté nationale.
Tout cela aboutit à accréditer l'idée de l'impossibilité de la solution démocratique, ce qui sert d'alibi pour revenir ou maintenir un régime autoritaire qui conviendrait davantage pour préserver la stabilité, arrêter la violence, stopper les dérives et rétablir le droit dans la cité arabe.
1. La tentative algérienne :
La rupture d'octobre 1988, l'adoption de la Constitution démocratique de 1989 et la volonté manifeste de la société de rompre avec les pratiques politiques établies avaient entrouvert la voie pour un processus de démocratisation. Cette brèche aurait pu offrir une chance à la résorption de la crise du passage d'un système finissant à la démocratie et à l'accomplissement d'un progrès certain, bien que l'entreprise manquait cruellement d'appuis et de soutiens affichés. Il fallait renforcer les institutions parlementaires et judiciaires, et encourager la liberté de la presse et le contrôle. La conjoncture était caractérisée par une crise de confiance et par une perte de crédibilité. L'édifice politique national connaissait une impasse idéologique, des dissensions politiques et une désagrégation de la représentation sociale. La situation exigeait des réformes profondes et de régulations nombreuses, pour pouvoir engager la nation sur la voie de la réforme de sa gouvernance. La mobilisation et l'engouement de la population ont très peu passionné nos élites. Une majorité des élites a adopté une attitude de méfiance ou de neutralité. Elles n'ont pas soutenu la revendication démocratique et n'ont pas accompagné la société dans sa quête de changement. L'exaltation populaire a été, malheureusement, saisie par le courant contestataire qui cherchait plus la chute du régime que sa démocratisation. Refusé par la bureaucratie politique, repoussé par des élites au pouvoir, rejeté par des porte-parole de la contestation, le processus d'ouverture est dévoyé en un pluralisme factice, une perversion de la politique et une corruption de l'élection. Ce processus a subi ainsi un triple revers. Ces revers ont mené à l'impossibilité de retrouver la sérénité et la stabilité, d'établir à nouveau des rapports sociaux féconds et de regagner un minimum de fonctionnement institutionnel légal. Coupé de la société, de ses préoccupations et de ses problèmes économiques, sociaux, culturels et sécuritaires, le gouvernement continue à être issu et aménagé d'en haut. Il est la proie d'un jeu clanique et l'objet d'influences de clientèles organisées en réseaux. Le semblant de pluralisme politique n'a pas permis de garantir ni la stabilité, ni la sécurité, ni de mener un processus de démocratisation et de modernisation, ni de résoudre les grands dossiers qui conditionnent le devenir du pays, ni de répondre aux demandes pressantes des citoyens. Le système politique s'est révélé incapable de corriger tant d'erreurs, de relever tant de défis, d'opérer tant de réformes, et d'introduire tant de régulations. Il n'a pas pu produire de solutions ni faire évoluer les rapports socioéconomiques.
Sans doute, le pays était fortement influencé par les conditions de sa colonisation et les conditions de sa libération. C'est, en effet, un pays dont l'histoire a retenu la révolte comme action de refus et de survie, et la répression et la violence comme moyens de régulation et de gouvernance. Ces forts legs de l'histoire suscitent toujours ressentiments et méfiances.
2. Régimes arabes
et démocratisation :
On peut diverger sur les raisons et les mécanismes qui bloquent la démocratisation des régimes arabes. On ne peut, par contre, que conclure à l'inaptitude des régimes arabes à se démocratiser ou à créer les conditions d'une démocratisation négociée. Car leur modèle de gouvernance est une survivance du système colonial.
Les gouvernants sont dans un rapport de domination, et non dans un rapport de forces. Ils distribuent la rente et les privilèges. Ils redoutent les mécanismes de création de richesses. Ils craignent l'autonomie des citoyens et de la société. C'est pour toutes ces raisons qu'ils écartent la modernisation de la gouvernance, se méfient des institutions autonomes, des partis politiques et de la représentation, et de la représentativité sociale. Une démocratisation dans le monde arabe exige donc au préalable, un minimum d'ouverture, de régulation et d'instruments de contrôle. Un changement initié en dehors du régime ne peut aboutir, mais un processus de démocratisation ne peut s'élaborer en vase clos en dehors de la société et sans son contrôle. Le processus de changement doit donc venir simultanément de l'intérieur du régime et de la société. Il serait hasardeux de croire qu'un système démocratique est immunisé. Aucune loi et aucune force armée ne peut garantir à elle seule la pérennité d'une démocratie. Cette dernière ne s'installe dans la durée et ne se protège que s'il y a une justice indépendante, un pouvoir législatif représentatif, un citoyen imprégné de son rôle et défendant ses droits, ses libertés et celles des autres, ainsi qu'une presse libre. Je vous remercie.


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