Dans son analyse, l'ancien chef de gouvernement algérien affirmera que “fondée prétendument sur l'adhésion et le consentement du peuple, la gouvernance arabe fonctionne en dehors de toute représentation politique de la société et de tout contrôle citoyen. L'Exécutif s'identifie volontairement à la nation et à l'Etat. Il présente ses décisions comme émanant de la nation et comme étant toujours en conformité avec les impératifs de sa souveraineté, de sa sécurité et de ses intérêts”. Selon lui, “ces conditions ont conduit à l'établissement d'une gouvernance d'un type particulier façonné d'une manière insolite d'exercer le pouvoir. Cela a entraîné une confusion entre l'étatique, le sécuritaire, le politique, le religieux, l'économique, le social et le culturel. Revêtue de tous ces habits, la gouvernance est devenue un ordre autoritaire établi sans nuance, sans limitation et sans contrôle. Mieux, elle s'est ordonnée législateur en chef, policier en chef, juge en chef et imam en chef". Hamrouche prend le soin de préciser que “tous les régimes arabes ne sont pas totalement identiques, notamment les monarchies du Golfe”. Ceci l'amène à accréditer “l'idée de l'impossibilité de la solution démocratique, ce qui sert d'alibi pour revenir ou maintenir un régime autoritaire qui conviendrait davantage pour préserver la stabilité, arrêter la violence, stopper les dérives et rétablir le droit dans la cité arabe”. Quant à l'expérience algérienne, il dira que “la rupture d'Octobre 1988, l'adoption de la Constitution démocratique de 1989 et la volonté manifeste de la société de rompre avec les pratiques politiques établies, avaient entrouvert la voie pour un processus de démocratisation”. Il estimera qu'“il fallait renforcer les institutions parlementaires et judiciaires et encourager la liberté de la presse et le contrôle”, bien que “la conjoncture était caractérisée par une crise de confiance et une perte de crédibilité. L'édifice politique national connaissait une impasse idéologique, des dissensions politiques et une désagrégation de la représentation sociale. La situation exigeait des réformes profondes et des régulations nombreuses pour pouvoir engager la nation sur la voie de la réforme de sa gouvernance”. Soulignant que “le semblant de pluralisme politique n'a pas permis de garantir la stabilité ni la sécurité, ni de mener un processus de démocratisation et de modernisation, ni de résoudre les grands dossiers qui conditionnent le devenir du pays, ni de répondre aux demandes pressantes des citoyens”, l'ex-chef de gouvernement dira que “le système politique s'est révélé incapable de corriger tant d'erreurs, de relever tant de défis, d'opérer tant de réformes et d'introduire tant de régulations. Il n'a pas pu produire de solutions ni faire évoluer les rapports socioéconomiques”. Enfin, il achèvera son intervention en aboutissant à la conclusion de “l'inaptitude des régimes arabes à se démocratiser ou à créer les conditions d'une démocratisation négociée. Car leur modèle de gouvernance est une survivance du système colonial. Les gouvernants sont dans un rapport de domination et non dans un rapport de forces. Ils distribuent la rente et les privilèges. Ils redoutent les mécanismes de création de richesses. Ils craignent l'autonomie des citoyens et de la société. C'est pour toutes ces raisons qu'ils écartent la modernisation de la gouvernance, se méfient des institutions autonomes, des partis politiques et de la représentation et de la représentativité sociale”. Synthèse K. A.