La communication n'est pas ce qu'on pourrait appeler le fort de nos ministres, et même quand ils communiquent il faut se méfier de l'intox. Le gouvernement est divisé en trois catégories de ministres, ceux qui sont fermés à tout échange avec la presse, à l'image du ministre de la Justice, ceux qui ont un rapport conflictuel avec la presse, à l'image du ministre des Transports, et ceux qui communiquent à profusion, quitte à dire la chose et son contraire. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, est dans cette troisième catégorie des membres du gouvernement, qui sous ses airs d'homme fermé et secret, est le seul ministre qui, lors des déplacements du président de la République, se prête allégrement au jeu des questions réponses avec les journalistes, même s'il refuse toujours d'accorder des entretiens. Il en arrive même, avec son aptitude à répondre aux questions, à pallier l'absence de communication que le président érige en mode de gouvernance. Mais les réponses du ministre de l'Intérieur ne sont malheureusement pas toujours parole d'évangile. Il lui arrive même de dire une chose et de la contredire dans d'autres circonstances. C'est à se demander si sa disposition à répondre aux journalistes n'est pas un signe de simple courtoisie, ou de mise en scène pour épater une corporation en mal d'accéder aux sources d'informations ? Son second dans la gestion des collectivités locales, Daho Ould Kablia, s'est exercé à la communication et s'est vu démentir par le temps, puisqu'il a annoncé une réunion et un menu d'un Conseil des ministres qui n'a pas eu lieu. Les ministres se jouent-ils des journalistes ou sont-ils dépassés par les événements ? Dans le cas de Zerhouni, qui est pourtant annoncé comme l'homme fort du régime, il y a tout de même des doutes que l'option d'être dépassé par les événements soit retenue. On est plus tenté de croire qu'il aime bien faire agiter la scène politique. La dernière sortie en date du ministre de l'Intérieur est celle relative à la possibilité de dissolution de l'APN. Il répondra laconiquement à la question d'un journaliste sur l'option d'élections législatives anticipées en disant « pourquoi pas ? » Une réponse qui correspond à ce flou qui règne dans la gestion des affaires publiques, et où l'opinion n'est pas tenue informée sur ce que l'Exécutif envisage de faire à tous les niveaux. Comment peut-on prendre à la légère une telle question qui concerne la gestion politique d'un pays ? Dans un semblant point d'éclairage, le ministre a affirmé qu'un tel choix « pourrait avoir lieu s'il y avait une utilité. Sans cela, nous n'allons pas nous amuser à dissoudre l'Assemblée ». Ceci est donc loin d'être une réponse qui exprime une clarté de la vision de nos dirigeants sur ce qu'il y a lieu de prévoir au sujet de la configuration de l'échiquier politique. Lorsque le vœu d'une dissolution de l'Assemblée est émis, la réponse se doit d'être claire et patente et ne doit pas souffrir de tergiversations. Il est incontestable, aujourd'hui, qu'une opacité règne dans la gestion du pays, assortie d'un déficit de crédibilité à combler dans la communication institutionnelle, où les déclarations des ministres semblent n'engager que leur personne, et où les bribes de déclarations entendues par-ci par-là jouent plus le rôle de ballon-sonde que de points d'éclairage sur la voie que veut suivre l'Exécutif.