Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, s'est attiré les foudres de l'UGTA en remettant sur la table le fameux avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Après la mise au point de Abdelmadjid Sidi-Saïd, mardi 22 septembre, c'est au tour de Mohamed-Lakhdar Badreddine, président de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de l'énergie (FNTPGE), de réitérer son rejet de cette loi. « Je m'inscris dans la même position que le secrétaire général de l'UGTA. La mouture telle qu'elle est actuellement ne peut pas être acceptée par la fédération. On l'a déjà rejetée et ce n'est pas maintenant qu'on nous l'imposera », a-t-il souligné, hier, en marge du séminaire sur la création du fonds syndical d'investissement pour l'emploi. D'un ton serein, il ajoutera : « Pour nous, cette loi n'existe pas. » « A chaque fois qu'il y a une nouvelle loi, nous sommes sollicités par le chef du gouvernement. Jusque-là, on n'a rien entendu de sa part et il ne nous a pas sollicités ». Lorsqu'il nous saisira, nous donnerons notre avis. » Cependant, le président de la Fédération des pétroliers ne s'oppose pas à l'idée globale de la réforme du secteur des hydrocarbures : « S'il y a un débat autour de la réforme du secteur, tout en préservant l'essentiel, nous y participerons, car nous ne sommes pas fermés. » Refusant de s'en tenir aux seuls propos de Chakib Khelil - qui n'est à ses yeux qu'un ministre, M. Badreddine rejoint Sidi-Saïd en précisant que « notre seul partenaire est le chef du gouvernement ». Pour lui, il n'y a pas de « préjugés défavorables ». « Le chef du gouvernement a réaffirmé sa disponibilité à coopérer avec l'Union générale des travailleurs algériens. Et tant qu'il y a une volonté de dialoguer, nous sommes disposés au dialogue. Lorsqu'il s'agit de l'intérêt des travailleurs et de la nation, l'UGTA ne peut s'y opposer ». Ainsi, Chakib Khelil a désormais attisé le brasier, à quelques jours de la bipartite. En soulignant en marge du forum d'El Moudjahid, le lundi 20 septembre, que l'avant-projet de loi a été déterré, il ne savait sûrement pas que cela va faire réveiller les « nerfs » de l'UGTA. « Nous n'avons introduit aucun changement au texte. Il appartient à l'APN, si elle le juge nécessaire, d'y introduire des amendements », a-t-il précisé. Sidi-Saïd s'est montré, dans une déclaration à un quotidien national, le 22 septembre, un peu méfiant par rapport aux propos de Chakib Khelil. « Je suis le secrétaire général de l'UGTA. Je ne réponds pas à un ministre », dira-t-il tout en réitérant sa position : « Il n'en est pas question. De toute façon, si c'est le même projet, notre position est connue de tous et nous ne céderons jamais. » Pour Sidi-Saïd, « tant cela ne vient pas du chef du gouvernement (considéré comme son seul partenaire), c'est comme si le ministre de l'Energie n'a rien déclaré. » C'est ainsi que la polémique est d'ores et déjà relancée sur ce controversé avant-projet de loi portant sur le secteur le plus stratégique de l'Algérie. LES NUANCES DE LA FÉDÉRATION DES PÉTROLIERS Avec sa sortie, M. Badreddine jette de l'huile sur le feu. Il faut rappeler que ce projet est vieux de trois ans. Il a été rendu public, pour la première fois, en 2001. L'UGTA, à travers la Fédération des pétroliers, a opposé un niet catégorique avant de se lancer dans un véritable bras de fer ayant abouti au blocage de l'avant-projet par le président Bouteflika. M. Badreddine avait qualifié cet avant-projet d'initiative visant à « mettre fin à la vie de Sonatrach », en tentant de « privatiser la richesse naturelle nationale ». Mais quelle serait la réaction de la centrale syndicale si le projet venait à être adopté au Parlement ? M. Badreddine préfère nuancer en disant que la fédération suivra la décision de Sidi-Saïd, sans toutefois écarter l'éventualité de rééditer le même scénario que celui de février 2003 où l'UGTA avait paralysé le pays en appelant à une grève générale. Wait and see.