La production de lait ne génère que 82 milliards de dinars, alors que l'aviculture a enregistré une baisse de production de l'ordre de 40%. Les professionnels de la filière lait ont brossé hier un tableau peu reluisant de la situation de leur activité. « Nous avons une filière fragile, une régulation qui fait défaut et une production qui génère une cagnotte de 82 milliards de dinars seulement », a expliqué Amokrane Nouad, vice-président de la fondation Filaha, hier lors d'une conférence tenue à la Safex (Alger). Selon lui, le réseau de production est constitué de petites exploitations, dont 96% disposent de moins de 6 vaches. Les exploitations disposant de 12 vaches et plus ne représentent, néanmoins, qu'une infime proportion estimée à 4%. Abondant dans le même sens, M. Bouchakour, éleveur, a estimé, lui aussi, que la situation actuelle n'assure aucunement la pérennité de l'activité. « Nous continuons à être agressés par ces quantités de poudre importées depuis l'étranger au détriment de la production nationale », a-t-il soutenu. Le représentant de l'Office national interprofessionnel de lait (Onil), M. Soukhal, a énuméré les subventions accordées par l'Etat aux trois maillons de la chaîne, à savoir l'éleveur, le collecteur et les laiteries. Pour la production, l'éleveur bénéficie d'une subvention de 12 DA/litre, alors qu'une autre aide de 5 DA/litre est versée aux collecteurs. Une prime d'intégration de l'ordre de 4 DA/litre est accordée aux laiteries afin d'encourager la collecte de lait auprès des producteurs nationaux. Selon M. Soukhal, un prix plancher pour les laiteries a été récemment négocié par les différents intervenant de la filière et fixé à 30 DA. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural prévoit une croissance de 8,33% de l'ensemble de la production agricole entre 2009 et 2014 et une production de 3,2 milliards de litres de lait, soit une croissance de plus de 7,7% en moyenne annuelle. La production moyenne du lait, enregistrée entre 2004 et 2008, est de 1,9 milliard de litres. Dans une note prévisionnelle diffusée hier par le ministère de l'Agriculture, il est indiqué qu'en 2008, la production nationale laitière est estimée à 1,6 milliard de litres de lait de vache, sur une production totale, toutes espèces confondues, de 2,2 milliards de litres. Le département de Rachid Benaïssa prévoit aussi « un accroissement de l'ordre de 296 000 têtes des effectifs de vaches laitières, dont 123 000 BLM (bovin laitier moderne). Notons que l'Algérie dispose de 900 000 vaches laitières, dont 230 000 BLM ». Il est prévu aussi un accroissement des superficies réservées aux fourrages de plus de 900 000 ha, dont 180 000 ha en irrigué contre 450 000 ha disponibles actuellement, si l'on se réfère aux estimations du ministère de l'Agriculture. Sur un autre front, M. Mezouane, président de l'association nationale des aviculteurs, a laissé entendre que la filière de l'aviculture a enregistré une baisse de production de l'ordre de 40% ces dernières années. Un volume de 90% de l'aliment destiné au cheptel de la filière avicole est issu de l'importation. Plus précisément, M. Mezouane a fait savoir que 2 millions de tonnes de maïs et plus de 500 000 t de soja ont été importées pour les besoins de l'alimentation du cheptel de la filière avicole. La production actuelle de la filière avicole varie entre 340 000 à 400 000 t par an, soit une moyenne annuelle de 10 à 11 kg/habitant. La filière produit aussi 5 milliards d'œufs par an, soit une moyenne annuelle de 150 œufs par habitant. Le président de l'association nationale des aviculteurs a dénoncé la politique de deux poids deux mesures du ministère de l'Agriculture. « Pendant que d'autres filières bénéficient de plusieurs subventions, les aviculteurs, eux, continuent à payer 17% de TVA sur l'aliment, les produits vétérinaires et le cheptel », a-t-il conclu.