La plage Les Dunes, dans la commune de Chéraga, est formellement interdite à la baignade. Dans l'arrêté 518 du 26 mai 2004 de la wilaya d'Alger, fixant la liste des plages autorisées et interdites à la baignade pour la saison estivale 2004, cette plage est répertoriée parmi celles dangereusement polluées. D'ailleurs, elle n'a rien d'une plage et le commun des « baigneurs » peut le constater de visu. Elle ressemble beaucoup plus à un chantier « pollué » par la présence de différents matériaux et engins de construction exposés ça et là. Non loin, le déversement des eaux d'une couleur noirâtre à l'odeur nauséabonde de l'oued Béni Messous confirme que cette plage est polluée, et par conséquent, elle devait être interdite aux baigneurs. Les travaux d'extension de la résidence d'Etat du Club des Pins pour la réalisation, nous dit-on, d'habitations individuelles (ce chantier a fait couler beaucoup d'encre l'année passée) ont été entamés par une entreprise chinoise. A l'entrée du chantier, le grand portail portant un panneau « Entrée interdite au public » est « généreusement » ouvert aux familles. Le gardien des lieux, censé protéger ce site, ne se soucie guère des dizaines de familles qui y sont déjà installées. D'ailleurs, dès leur arrivée à bord de leur véhicule (pour celles qui en possèdent), elles sont automatiquement orientées vers un semblant de parking, mitoyen de deux restaurants (bars). Des jeunots, adossés à un mur font dans le gardiennage... des véhicules pour 30 DA. Un peu plus loin, en allant vers la plage, des déchets, des bouteilles de bière, des troncs d'arbres et quelques accessoires de véhicules rouillés agressent la vue. Ici, sur cette « plage », on y trouve même une mini décharge. Des parasols enfoncés dans le sable sont loués à 150 et 200 DA. Trois individus qui ne cessaient de nous dévisager se sont autoproclamés gestionnaires des lieux. Une trentaine de familles et quelques « solitaires » sont déjà là. Filles et garçons pataugent dans une mer « polluée » où se déversent, à quelques mètres de l'endroit, les eaux usées de l'oued Béni Messous. « Ici nous assurons la sécurité des estivants. Nous n'avons pas pu obtenir une autorisation de l'APC certes, mais voyez par vous- même l'état des lieux. La plage est très propre. Elle est nettoyée chaque matin ». A notre question sur les égouts qui déversent leur contenu repoussant le danger que cela représente pour les familles, notre interlocuteur rétorquera : « Nous sommes obligés de travailler pendant ces trois mois pour gagner notre vie à défaut de voler où de commettre des agressions. » Et la santé des familles dans tout cela ? Notre interlocuteur ne trouvera aucune réponse convaincante. Il attestera, par contre que toutes les plages du littoral ont été « accaparées » par des « riches » et que le « pauvre zawali » doit « survivre ». « Ya Oulidi ! » dira choquée et scandalisée, une femme assise à même le sable à un officier de la gendarmerie qui l'interpella sur sa présence, et celle de sa famille, sur cette plage « polluée » et « interdite à la baignade ». Entourée de ses deux filles et de ses petits-enfants, elle somma, illico presto tout « son » monde à quitter les lieux. Elle ne sera pas la seule puisque toutes les familles, angoissées par la présence des gendarmes, quitteront les lieux. « Je ne veux pas risquer la vie de mes enfants et passer le reste de mes vacances aux urgences des hôpitaux », nous dira ce père de famille avant de quitter lui aussi les lieux.