Le président du MSP, Abderrazak Makri, fait une nouvelle offre politique pour une sortie de crise. Après son échec à avoir l'onction de l'ANP pour sa démarche en faveur d'une transition consensuelle, le chef du MSP tente une nouvelle recette. Il s'agit d'une demande de report de l'élection présidentielle. Un report sous conditions, qui ne dépassera pas un an, selon lui. Pour justifier ce report, M. Makri invoque l'absence de solutions de rechange, au sein du régime, à l'option du 5e mandat, qui s'éloigne de plus en plus en raison de la dégradation continue de l'état de santé du président Bouteflika. Le président du MSP estime que le régime est à court d'idées et lui tend donc la perche pour une sortie de crise moins douloureuse. M. Makri abonde dans le même sens de la «continuité» à laquelle appellent, depuis maintenant quelques mois, les partis du pouvoir et leurs organisations satellitaires. L'offre de Makri nous rappelle aussi une rumeur insistante sur l'existence d'un «plan» caché pour prolonger d'un à deux ans l'actuel mandat du président Bouteflika. Une rumeur qui n'a jamais été confirmée ni infirmée, même si la Constitution actuelle ne permet pas une telle option. Le chef de cette formation islamiste, qui s'est longtemps distinguée par son entrisme politique, «emballe» son offre dans l'impératif d'engager des «réformes politiques consensuelles» durant cette période de report. En effet, le président du MSP assure que, à la différence du pouvoir qui cherche à se maintenir, ce report vise à préparer le terrain pour des élections présidentielles transparentes. M. Makri veut donc en une année des réformes que l'opposition demande depuis des décennies, en vain. Le président du MSP est loin d'être naïf politiquement. Il sait donc que le pouvoir ne s'offre pas sur un plateau d'argent mais il s'arrache à travers la création d'un rapport de force en faveur du changement voulu. Le président du MSP n'a pas réussi à convaincre même son propre camp politique, les islamistes, dont certains appuient d'ores et déjà l'option de la «continuité». Quel est donc le but recherché par Abderrazak Makri ? Fait-il une offre de service au pouvoir afin qu'il soit associé d'une manière ou d'une autre à la préparation de la succession ? Veut-il être le médiateur entre les différents groupes qui s'affrontent au sommet du pouvoir ? Autant de questions qui restent sans réponse. Cela même si Abderrazak Makri récuse toute volonté de regagner le pouvoir en rappelant avoir lui-même décliné une proposition de réintégrer le gouvernement. Le MSP est connu pour son ambivalence politique, ayant la capacité de passer aisément d'une position politique radicale, comme celle d'avoir boycotté la présidentielle de 2014, à un discours conciliant et prônant le dialogue avec le pouvoir. Membre de la confrérie des Frères musulmans, le MSP a opéré en 2012, en plein «printemps arabe», un retrait tactique du gouvernent. C'est dans ce contexte de «retour» à l'opposition que Abderrazak Makri a été intronisé à la tête du parti à la faveur de son 5e congrès tenu en 2013. C'est sous ce même Makri que le MSP a boycotté la présidentielle depuis 1995. Adaptant son discours aux circonstances politiques, le MSP tente visiblement de jouer le rôle de médiateur entre le pouvoir et l'opposition. Sans succès. On se souvient de la mise au point musclée de l'état-major de l'ANP à son appel à Gaïd Salah de contribuer à une transition politique pacifique.