Au fur et à mesure que le jour des élections générales approche en Irak, l'on constate avec amertume que celles-ci ne règleront en aucun cas les problèmes de l'Irak, et qu'au pire, ce pays franchira un pas vers son éclatement. Mais l'administration semble avoir d'autres préoccupations, la principale étant de confier les missions de rétablissement de la sécurité aux toutes nouvelles forces irakiennes que les Etats-Unis ont mis sur pied. Ce qui conduira au moins à un retrait partiel des troupes américaines, car l'essentiel, croit-on savoir, restera sur place et pour longtemps. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont convenu en privé d'une stratégie de retrait de leurs forces d'Irak, rapportait en ce sens hier le Guardian. Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld et son homologue britannique Geoff Hoon sont tombés d'accord lundi sur une stratégie basée sur un doublement du nombre de policiers irakiens en formation et la création d'unités paramilitaires, indique le quotidien britannique. C'est sur les recommandations d'un général américain à la retraite, Gary Luck, dépêché en Irak par le Pentagone, en décembre dernier, que MM. Rumsfeld et Hoon sont parvenus à ces conclusions. Une fois plus compétentes, les forces de police irakiennes doivent graduellement remplacer les 150 000 hommes de la coalition afin que ces dernières puissent quitter l'Irak, ajoute le Guardian. La Grande-Bretagne a fait sa priorité le retrait progressif de ses troupes du pays, bien qu'elle n'ait pas annoncé une date précise, en partie pour ne pas encourager les insurgés. « Le secrétaire à la Défense travaille activement actuellement à mettre au point une stratégie de retrait (des forces britanniques) sans toutefois annoncer ouvertement un calendrier », selon une source militaire, citée par le Guardian. Bien que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne souhaitent se retirer dès que la situation sera stabilisée, le général Luck a estimé que cela pourrait prendre des années avant que la police irakienne ne devienne opérationnelle. Toutefois, les troupes américaines quitteront l'Irak si les dirigeants élus à l'issue des élections de dimanche demandent leur retrait, a déclaré le président américain George W. Bush, qui a toutefois ajouté qu'il s'attendait à ce qu'on demande aux troupes américaines de rester, émettant l'espoir qu'elles soient considérées comme des soutiens « et non pas comme des occupants ». Le président américain a reconnu que les troupes américaines avaient un sérieux problème d'image en Irak. « La question fondamentale (...) c'est de trouver le moyen que les citoyens irakiens considèrent les troupes américaines comme une aide et non pas comme des occupants », a expliqué M. Bush. Un bien terible aveu pour Bush et d'autres qui tentent de faire croire qu'ils accomplissent une mission en Irak sans dire bien entendu au nom de qui. « Dans la mesure où la coalition est considérée comme une force occupante, cela permet aux insurgés, aux radicaux, de continuer à imposer au peuple irakien le sentiment que le gouvernement n'est pas vraiment leur gouvernement, et que le gouvernement est complice de l'occupation de leur pays », a-t-il ajouté. Bush constate que son armée n'est toujours pas la bienvenue en Irak, et cela pose de sérieux problèmes de crédibilité et de légitimité à tous ceux parmi les Irakiens qui sont venus dans son sillage pour accaparer le pouvoir, ou plus grave encore, comme ils en sont déjà accusés, l'exercer au nom des Américains. Ce qui explique le fait qu'ils soient devenus la cible des résistants au même titre que les soldats étrangers. D'ailleurs, la campagne électorale sans candidats ni liste, et encore moins de foule, en est la parfaite expression.