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Cannes encore sans les Algériens
Publié dans El Watan le 09 - 05 - 2009

On ne le dit jamais assez : le cinéma algérien s'est éteint dramatiquement. En fait, il faut dire : l'Etat a laissé mourir le cinéma. Impitoyablement. Enfin, comme il l'a fait pour beaucoup de secteurs, d'ailleurs. Cependant, ni les cinéastes ni les cinéphiles – (Dieu merci, les deux sont légion) – ne désarment. Vrai, on ne peut étouffer une vocation et qui plus est doublée d'une passion. Parmi les premiers, beaucoup ont un ou même plusieurs projets (scénarii), et c'est le nerf de la guerre qui manque le plus, et les seconds continuent à zapper dans l'espoir de tomber sur un nouveau film ou à en chercher via la toile. Oui, nos cinéastes n'ont rien à envier à ceux étrangers, et ils l'ont prouvé à maintes reprises dans différents festivals, il n'y a qu'à citer le sacro-saint film Chroniques des années de braise, œuvre immortelle qui a séduit le jury de Cannes en 1975.
Depuis, Cannes n'existe plus pour les Algériens. Ou si, chaque année, les Algériens amoureux du 7e art ont les yeux rivés sur le tube cathodique pour voir des bribes de films et des miettes de séquences… de la parade de la Croisette. D'autres suivent le festival à travers les comptes rendus de la presse. Ces derniers temps, ce sont les cinéastes franco-algériens qui sauvent la mise, si l'on peut dire ainsi. Cependant, ils auraient fait un film en Algérie, l'Etat les aurait-il aidés ? Le film, aurait-il été bien apprécié ? L'Etat (le pouvoir en place), spécialiste de la culture des occasions électoralistes, ou de celles de faire dans l'ostentation, distribue de l'argent dans cet objectif.
Alors qu'il doit s'investir dans cet art en vue de matérialiser des projets bénéfiques à plus d'un titre, et en premier lieu pour lui-même. D'abord, beaucoup de structures de l'audiovisuel, qui constituent (dans l'absolu) un embryon de l'industrie cinématographique, sont passées à la trappe. Quant aux festivals, ils naissent et meurent comme beaucoup d'initiatives dans d'autres domaines, selon l'humeur des responsables du moment. Le festival de Tébessa – (et son Caracalla d'or) – a trépassé avec l'assentiment ou même la joie des responsables, parce que des jeunes, qui faisaient du bon boulot, refusaient la récupération politique. La force de l'argent qui manquait à ce dernier servira à l'organisation du Fennec d'or qui, lui, fait de la complaisance et du ben-amiss des critères de bonne qualité, et prime des navets, au détriment de grands films et de grands cinéastes. Dommage…
Un cinéphile impénitent nous dit, non sans amertume, chaque fois que nous le rencontrons : « J'ai peur de mourir avant de voir un film sur Massinissa ou sur Jugurtha, l'Emir Abdelkader, saint Augustin… » T'en fais pas, d'autres les feront ces films…


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