Les Etats-Unis ont reconnu, hier, dans un rapport d'enquête préliminaire très attendu, que des civils avaient été tués lors de bombardements et de combats avec les talibans lundi et mardi derniers en Afghanistan, sans pour autant donner de chiffres ni admettre une part de responsabilité. « L'équipe conjointe d'enquêteurs confirme qu'un certain nombre de civils ont été tués au cours des combats », selon un communiqué de l'armée américaine et des autorités afghanes. Le rapport préliminaire ne donne pas de bilan précis et n'indique pas si les victimes ont été tuées lors d'affrontements ou par des frappes aériennes. La commission ne chiffre pas le nombre de civils tués, se disant « incapable de déterminer avec certitude l'identité des morts, parmi lesquels des talibans et des non-combattants, car tous les corps ont été enterrés ». « La commission d'enquête s'est rendue sur trois sites où avaient été enterrés les corps de sept personnes et aux abords de deux fosses communes contenant un nombre indéterminé de corps », selon le rapport qui précise que les forces américaines et afghanes continuent d'enquêter. De violents combats avaient opposé des talibans aux forces afghanes et internationales dans le district de Bala Buluk de la province de Farah, dans l'ouest du pays. Les autorités afghanes avaient rapidement fait état de plus de 100 morts, dont une majorité de civils, des chiffres qualifiés d' « exagérés » par certains responsables américains. Des centaines de personnes avaient manifesté en signe de protestation à Farah. Vendredi, le président afghan, Hamid Karzaï, a affirmé, sur la chaîne américaine CNN, que 125 à 130 civils, dont des femmes et des enfants ont été tués et en a imputé la responsabilité exclusive aux bombardements américains. Si ce bilan était confirmé, il s'agirait de la bavure la plus meurtrière depuis le renversement du régime des talibans fin 2001. M. Karzaï, qui brigue un second mandat en août, a réclamé l'arrêt des frappes aériennes américaines, estimant qu'elles « ne sont pas un moyen efficace de combattre le terrorisme ». Mais un haut responsable américain à Kaboul a jugé impossible de priver de soutien aérien les troupes afghanes au sol.