La presse américaine affirmait hier que les premières conclusions montraient la responsabilité de l'armée américaine dans la mort de ces civils. Les résultats de l'enquête sur la mort de dizaines de civils dans l'ouest de l'Afghanistan, lundi lors de bombardements américains, seront sans doute dévoilés aujourd'hui, a indiqué hier le porte-parole de l'armée américaine en Afghanistan. Le colonel Greg Julian a refusé de commenter des informations de presse selon lesquelles l'enquête a montré que les bombardements de l'armée américaine étaient responsables des morts civiles. «Il y a eu des victimes civiles, sans aucun doute. Mais l'enquête n'est pas encore arrivée à son terme et il est inapproprié de parler d'une thèse ou d'une autre sur les causes des morts», a déclaré le porte-parole. Le New York Times et CNN ont d'ores et déjà affirmé, jeudi, que les premières conclusions montraient la responsabilité de l'armée américaine dans la mort de ces civils. Le gouvernement afghan et l'armée américaine tentaient jeudi de boucler rapidement une enquête commune sur le bombardement américain ayant tué des dizaines de civils lundi dans l'ouest de l'Afghanistan face à l'émoi suscité par le drame, sur place et à Washington. Des représentants des ministères de l'Intérieur et de la Défense, du Parlement, de la présidence afghane et des forces internationales enquêtaient jeudi dans les zones bombardées, dans le district de Bala Buluk, situé dans la province de Farah. Ces frappes ont tué plus de 100 personnes, parmi lesquelles une majorité de civils, dont des femmes et des enfants, selon les autorités afghanes. Le secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates, en voyage en Afghanistan, a indiqué pour sa part avoir eu connaissance d'informations faisant état de «taliban lançant des grenades dans les maisons pour faire des victimes civiles et en rejeter la faute sur les Etats-Unis». «Mais je crois que nous allons devoir attendre les résultats de l'enquête», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse. A Farah, la capitale provinciale, des centaines de manifestants ont crié leur colère avant d'être dispersés par la police après des heurts qui a des difficultés ont fait quatre blessés, dont un par balles. «Certains mollahs ayant étudié dans des madrasas iraniennes ont poussé à la violence. Les manifestants ont alors lancé des pierres sur des édifices gouvernementaux. La police a essayé de les disperser, mais ils ont lancé des pierres sur la police, qui a tiré en l'air», a indiqué le vice-gouverneur de Farah, Mohamed Younus Rasouli. Lundi, des combats avaient éclaté entre les insurgés, bien implantés dans la région, et l'armée afghane, qui avait appelé l'armée américaine à l'aide. Cette dernière avait ensuite ordonné le bombardement des taliban. «La plupart des maisons de la zone visée ont été réduites en miettes», selon le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr). Le colonel Greg Julian, porte-parole des forces américaines en Afghanistan, a évoqué des «informations selon lesquelles les taliban auraient délibérément orchestré une attaque pour provoquer des pertes civiles». «Nous enquêtons pour savoir si les victimes ont été causées par le bombardement aérien, et vérifier une autre information selon laquelle les civils ont peut-être été tués par les taliban et ensuite présentés comme victimes du bombardement», a-t-il dit. Le lourd bilan civil a provoqué l'émoi jusqu'à Washington, où se trouvait le président afghan Hamid Karzaï, faisant réagir le président américain Barack Obama et sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Les forces étrangères tuent régulièrement des civils au cours des combats, provoquant la colère de la population et des autorités. En 2008, 2118 civils ont été tués dans les violences, dont 39% sont le fait des forces pro-gouvernementales, essentiellement lors de bombardements, selon l'ONU.