La force de l'Otan a annoncé hier que ses avions avaient tué la veille dans le sud de l'Afghanistan deux femmes, un enfant et un vieillard en bombardant une maison à partir de laquelle des talibans ouvraient le feu selon elle. «Des insurgés l'utilisaient comme une position de tir quand les forces conjointes (internationales et afghanes), ignorant la présence de civils, ont ordonné une frappe aérienne contre le bâtiment», a indiqué la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan dans un communiqué. «Quand les forces internationales ont pu pénétrer dans le bâtiment, elles ont trouvé les cadavres de quatre civils - deux femmes, un enfant et un vieillard - et quatre hommes, soupçonnés d'être des insurgés», poursuit le texte. Interrogé sur le fait que les civils ont été tués par la frappe aérienne, un porte-parole de l'Isaf a répondu «oui». La population et le gouvernement afghan se plaignent régulièrement de frappes indiscriminées des forces internationales qui tuent des civils et le commandant de l'Isaf, le général américain Stanley McChrystal, avait récemment ordonné à ses troupes de tout faire pour limiter les pertes civiles dans leurs opérations. Le bombardement est survenu dans la zone de Nahr-e Saraj, dans la province méridionale du Helmand, après une nouvelle polémique au terme de laquelle, lundi, l'Isaf a reconnu que ses soldats, les forces spéciales américaines selon des médias anglo-saxons, avaient tué cinq civils dont trois femmes en février dans le raid d'un village de l'est, après l'avoir longtemps nié. «Nous regrettons profondément l'issue de cette opération, endossons la responsabilité pour nos actions cette nuit là et savons que leur perte sera ressentie à jamais par les familles», avait annoncé lundi l'Otan dans un communiqué. Les trois femmes et les deux hommes avaient été tués le 12 février dans un village près de Gardez, capitale de la province de Paktiya. «La force (de l'Otan) est entrée dans la ferme (...) pensant que les deux hommes constituaient une menace à la sécurité» des soldats, a expliqué lundi le porte-parole des forces de l'Otan en Afghanistan, le général Eric Tremblay. «Nous savons désormais que les hommes cherchaient juste à protéger leurs familles», a ajouté le général Tremblay. Selon les quotidiens américain New York Times et britannique Times, l'opération avait été menée par des membres des forces spéciales américaines qui auraient ensuite extrait les balles des corps des victimes pour tenter de masquer la cause des décès. Interrogé, un porte-parole de l'Otan n'a confirmé ni ces informations ni la nationalité des militaires engagés dans cette opération. En janvier, l'ONU avait annoncé que le bilan des civils tués en 2009 avait été le plus lourd en 8 ans de guerre en Afghanistan, avec plus de 2400 morts et un bond de 14% par rapport à 2008. Si les insurgés ont tué trois fois plus d'habitants que les forces internationales et afghanes, l'ONU avait cependant épinglé ces dernières, assurant que leurs opérations étaient à l'origine d'un quart de ces pertes civiles, avec 596 morts. Critiqué par le gouvernement afghan pour tuer parfois sans discernement taliban et simples habitants, les Etats-Unis, dont les troupes composent deux tiers des forces internationales, avaient promis que la réduction des pertes civiles lors des bombardements était «une priorité».